Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a adopté, hier, une résolution approuvant la mise en place d'une "mission d'enquête internationale" sur l'attaque militaire israélienne contre une flottille humanitaire pour Gaza. La résolution décidant "d'envoyer une mission internationale pour enquêter sur des violations des lois internationales" a été approuvée par 32 des 47 membres du Conseil. Trois pays se sont prononcés contre, dont les Etats-Unis. L'Union européenne a, quant à elle, voté en ordre dispersé, la France et le Royaume-Uni ayant choisi de s'abstenir. Une session extraordinaire du Conseil sur le raid israélien qui a fait neuf morts et des dizaines de blessés, avait été convoquée mardi sur l'initiative du représentant palestinien, du Soudan, du Pakistan, au nom de la Ligue arabe et de l'Organisation de la conférence islamique (OCI). Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a appelé, mercredi 2 juin à Bethléem, Barack Obama à prendre des "décisions courageuses" pour changer la situation au Proche-Orient, avant son voyage la semaine prochaine à Washington. Le président de l'Autorité palestinienne, qui s'exprimait à l'occasion d'une conférence internationale sur l'investissement en Palestine, a qualifié de "terrorisme d'Etat" le raid israélien contre la flottille transportant de l'aide humanitaire vers Gaza. Avant ce discours inaugural, l'assistance a observé une minute de silence à la mémoire des neuf activistes pro-palestiniens tués pendant l'assaut qui a eu lieu dans les eaux internationales. "Tout comme la flottille de la liberté est venue pour briser le siège de Gaza, cette conférence a pour but de briser le siège de l'économie palestinienne", a ensuite déclaré Mahmoud Abbas. Rebaptisée "Conférence de la liberté", l'édition 2010 de ce colloque réunit pour deux jours des délégués palestiniens de l'ensemble des Territoires occupés et un millier d'hommes d'affaires étrangers de vingt-six pays. Selon les organisateurs, cent vingt-trois projets d'un montant total de près de 500 millions de dollars doivent être présentés, soit quatre fois moins que les sommes annoncées lors de la précédente édition de la conférence il y a deux ans. "Notre peuple a été exposé au terrorisme d'Etat lorsque Israël a attaqué le convoi de la liberté. Le monde entier ainsi que le peuple palestinien font face à ce terrorisme", a déclaré le président de l'Autorité palestinenne. Pendant son intervention, Mahmoud Abbas a tenu à saluer l'ouverture du terminal égyptien de Rafah avec la bande de Gaza, seul point de passage non contrôlé par Israël, pour l'acheminement de l'aide humanitaire et le passage des malades. A la mention de la Turquie, des applaudissements nourris ont éclaté, interrompant le discours pendant un peu plus d'une minute. La ligne dure adoptée par Ankara après le raid contre le convoi, auquel participaient de nombreux ressortissants turcs, vaut au gouvernement de Recep Tayyip Erdogan une grande popularité parmi les Palestiniens. Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a appelé hier la communauté internationale à lancer une enquête sur les décès à bord de la flottille humanitaire internationale pour Gaza. M. Davutoglu a lancé cet appel lors d'une conférence de presse tenue à l'aéroport Esenboga dans la capitale turque Ankara, à son retour d'une visite aux Etats-Unis. La Turquie réexaminera ses relations avec Israël si l'Etat hébreu ne relâche pas avant mercredi minuit tous les Turcs arrêtés lors de l'assaut, a indiqué M. Davutoglu. La Turquie a demandé à Israël de rapatrier au plus vite les 380 humanitaires turcs à bord de la flottille, affirmant que seuls ceux grièvement blessés peuvent rester en terre israélienne pour des soins médicaux, selon la presse turque. Selon M. Davutoglu, 210 Turcs ont été relâchés jusqu'à présent et attendent dans un aéroport israélien leur rapatriement prévu mercredi soir, lequel devrait être assuré par trois avions turcs. Notons que le gouvernement nicaraguayen a annoncé mardi qu'il suspend ses relations diplomatiques avec Israël suite à l'assaut mené lundi par l'armée israélienne contre la flottille d'aide internationale à destination de Gaza. Le gouvernement nicaraguayen "souligne la nature illégale de l'attaque contre une mission humanitaire en violation claire du droit international et humanitaire", poursuit le communiqué. Aussi, deux jours après le raid maritime israélien qui a fait au moins neuf morts civils, un nouveau navire humanitaire approche des côtes de la bande de Gaza. Il s'agit du MV Rachel-Corrie, du nom d'une Américaine tuée dans la bande de Gaza en 2003. Le bateau de propriété irlandaise appartient à la flottille arraisonnée lundi, mais sa faible vitesse l'a laissé loin derrière les autres, explique à Reuters Mark Daly, un parlementaire irlandais qui devait être du voyage mais qui est resté à Chypre. Le MV Rachel-Corrie devait initialement arriver ce mercredi à Gaza mais il a modifié son programme et devrait y être lundi, selon Niamh Moloughney, de Free Gaza Ireland, branche irlandaise du "Free Gaza mouvement" (Libérez Gaza). Le bateau se situe "entre la Crète et la côte de l'Afrique du nord", a précisé Niamh Moloughney, ajoutant que de nouveaux passagers pourraient monter à bord lors d'escales à venir. A son bord, il y aurait actuellement quinze militants, dont l'Irlandaise Maired Corrigan-Maguire, lauréate du prix Nobel de la Paix en 1976, ainsi qu'un ancien haut fonctionnaire de l'ONU, Denis Halliday, a précisé l'organisation Ireland Palestine Solidarity Campaign. Comme la veille, le gouvernement irlandais a exhorté ce mercredi le gouvernement israélien à laisser passer ce navire. "Je répète mon appel urgent au gouvernement israélien pour qu'il autorise le passage en sécurité du navire irlandais, le MV Rachel Corrie... Il est impératif qu'il n'y ait pas d'autres confrontations ou d'effusion de sang de ce qui a toujours été une mission purement humanitaire", a déclaré le ministre irlandais des Affaires étrangères, Micheal Martin. Mardi, le vice-ministre de la Défense israélien Matan Vilnaï avait prévenu: Israël empêchera tout autre bateau humanitaire international d'entrer dans les eaux de la bande de Gaza.