Le protectionnisme reste une menace tant que le chômage ne diminue pas, déclare le directeur général de l'Organisation mondial du commerce (OMC), Pascal Lamy, dans un entretien au quotidien La Tribune publié mercredi. Il n'y a certes pas eu de "dérapages protectionnistes majeurs" depuis fin 2008, indique M. Lamy, mais "l'origine de la tentation protectionniste reste le chômage", ajoute-t-il. Or, "celui-ci s'est aggravé, particulièrement dans les économies en développement", a-t-il expliqué. Interrogé sur le cycle de de Doha, visant une nouvelle libéralisation du commerce de biens et services, en panne depuis des mois faute d'accord politique, M. Lamy a affirmé que ce cycle était toujours en vie et que les groupes techniques continuaient à négocier. "Le cycle de Doha n'est pas mort. 80% des objectifs de ces négociations ont déjà été atteints. Et nos membres veulent conclure les 20% restants", a assuré M. Lamy. Pour ces sujets, "le niveau d'ambition n'est pas encore clair", a-t-il expliqué, mentionnant les services, les tarifs industriels et les subventions à la pêche, "un sujet qui devient majeur". M. Lamy avait reconnu la semaine dernière à Paris que les négociations du cycle de Doha étaient dans l'impasse alors que Washington appelait le Brésil, l'Inde et la Chine à en sortir. L'Europe, le Japon et les Etats-Unis doivent prendre garde à ce que leurs politiques budgétaires et monétaires ne mettent pas en péril la croissance des marchés émergents, a encore déclaré le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce. "Les politiques budgétaires et monétaires extrêmement accommodantes des pays développés que sont les Etats-Unis, l'Europe et le Japon constituent un risque pour la pérennité de la croissance des économies émergentes et pour leur rôle moteur dans l'économie mondiale", a affirmé le patron de l'OMC. Ces politiques "entraînent des différentiels de taux d'intérêt importants, et risquent de créer des turbulences sur les marchés émergents par des afflux de capitaux à court terme", a-t-il expliqué. Pascal Lamy a également déclaré au quotidien que tant que le chômage ne diminuerait pas, le danger protectionniste demeurerait. R.I.