David Cameron, le nouveau premier ministre britannique, a précisé dans le Sunday Times hier le contenu des mesures d'austérité censées réduire le déficit budgétaire: "Il faut nous attaquer au coût massif des dépenses sociales", a-t-il expliqué. D'autres secteurs sont visés par le chef du gouvernement, dont "la masse salariale dans le secteur public". "Il existe une énorme accumulation de dettes que nous devons gérer. Croiser les doigts, attendre la croissance et espérer que la situation s'améliorera n'est absolument pas une option", poursuit-il dans cette interview. David Cameron a prévenu que son pays allait connaître des années de "souffrance" pour permettre de réduire le déficit public et le poids "énorme" de la dette. "La qualité d'un véritable homme d'Etat est de prendre la bonne décision, en expliquant aux gens l'objectif derrière la souffrance", a-t-il déclaré dans un entretien au Sunday Times. "Une dette énorme doit être gérée. Croiser les doigts, en attendant la croissance et en espérant qu'elle disparaisse, n'est simplement pas une réponse", a-t-il dit, affirmant: "Le pays est à découvert". "L'intérêt sur ce découvert engloutit ce que la nation aurait dû dépenser pour acheter des choses. Nous devons avoir les gens de notre côté pendant ce voyage difficile", a-t-il poursuivi. Selon l'Office des statistiques nationales (ONS), le déficit public a atteint 156,1 milliards de livres en 2009/2010 (11,1% du PIB), un niveau record. Le gouvernement de coalition entre le parti conservateur de Cameron et le parti libéral démocrate de son vice-Premier ministre Nick Clegg, issu des urnes début mai, a fait de la réduction du déficit une priorité. Dès le 24 mai, il annonçait un programme de coupes budgétaires immédiates de 6,2 milliards de livres (7,2 milliards d'euros) en attendant la présentation le 22 juin du budget pour l'exercice s'achevant à fin mars 2011. M. Cameron a laissé entrevoir dimanche une révision à la baisse de la croissance du PIB anticipée par le gouvernement travailliste sortant à 3 %, mais qui pourrait être abaissée à 2 %. Les prévisions du Labour contenaient "deux couches d'optimisme": "L'une était une croissance façon trampoline de 3 % et plus, et la seconde théorie était que les taux d'intérêt allaient toujours rester bas". "L'une des choses les plus choquantes (était) le niveau de l'intérêt sur la dette", a souligné M. Cameron, ajoutant: "Si on ne fait rien, il va atteindre 50, 60, 70 milliards de livres". Pour réduire les dépenses publiques, il a indiqué qu'il faudrait s'attaquer à la "facture massive de la protection sociale", aux salaires dans le secteur public ou encore à "l'ampleur de la bureaucratie". Et il n'a pas écarté une hausse de la TVA qui, selon des analystes, pourrait grimper de 17,5 % à 20 %. "Nous voulons que les dépenses portent le fardeau de ce qui doit être fait", a-t-il dit.