L'Allemagne est déterminée à réduire rapidement son déficit budgétaire. Tandis qu'Angela Merkel prône la rigueur budgétaire chez ses voisins européens, son gouvernement n'a pas tardé à réitérer l'objectif inscrit dans la Constitution du pays depuis l'année dernière : l'Etat fédéral doit limiter son déficit structurel à 0,35% de son produit intérieur brut (PIB) en 2016. Pour y parvenir, les réductions des dépenses représenteront au moins 10 milliards d'euros par an pendant les six prochaines années, révèle le Financial Times. La coalition de centre-droit à la tête du pays se divise sur les secteurs qui devraient être concernés par les mesures d'austérité. Interrogé par le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung paru ce dimanche, le ministre des Finances allemand a affirmé que l'éducation nationale, la recherche et la protection sociale ne seront pas concernées par les coupes budgétaires : "Cela diminuerait nos chances de renforcer notre potentiel de croissance", a précisé Wolfgang Schäuble, rejetant ainsi la proposition du président du Land de Hesse, Roland Koch, qui s'était prononcé en ce sens. Contrairement aux promesses de la coalition, des augmentations d'impôts seront également nécessaires pour parvenir à réduire le déficit budgétaire du pays. Encore une fois, les avis divergent pour déterminer qui sera concerné par ces hausses. Au final, l'Allemagne vise une réduction de son déficit à 3% du PIB d'ici à 2013, conformément au pacte de stabilité européen, et à 0,35% en 2016 comme la Constitution allemande l'exige désormais. La première économie de la zone euro compte donc bien montrer l'exemple en matière de vertu budgétaire. Nicolas Sarkozy a récemment évoqué la possibilité d'inscrire dans la Constitution des objectifs de déficit budgétaire, suivant l'exemple de Berlin. Notons qu'hier, le ministre des finances britannique George Obsorne a déclaré qu'il présenterait un programme de réduction des dépenses publiques permettant d'économiser 6,2 milliards de livres cette année. Aussi, la responsabilité de dévoiler lundi le plan d'économie est revenu au chancelier de l'Echiquier George Osborne et à son secrétaire d'Etat au Trésor, David Laws. "C'est la première fois que ce gouvernement annonce des décisions difficiles sur les dépenses publiques, mais ce n'est pas la dernière", a d'ailleurs prévenu George Osborne, lors de la conférence de presse. Le plan de réduction des dépenses publiques de 6,2 milliards de livres (7,2 milliards d'euros) n'est en effet qu'une partie du vaste mouvement de réduction du déficit public du pays. Sur les 6,2 milliards, 5,7 seront affectés à la réduction d'un déficit public qui a atteint 156,1 milliards de livres l'an passé, soit 11,1% du PIB, ce qui en fait proportionnellement un des plus gros de l'Union européenne, et le plus gros en valeur absolue. Les 500 autres millions seront réinvestis, notamment dans l'apprentissage et le logement social, une concession faite par les conservateurs aux Libs-Dems. La défense, la santé et le développement international seront visés par les coupes, mais ces ministères pourront réinvestir les sommes en interne. Le ministère le plus touché sera celui des entreprises, qui doit économiser 836 millions de livres. Un milliard de livres viendra des dépenses "facultatives" comme les cabinets de consultants ou les transports. Désormais, par exemple, la marche à pied et des billets de train à tarif modéré seront la règle. Deux milliards doivent venir d'économies dans les programmes informatiques, l'immobilier et les fournitures. Ce premier train de mesures sera suivi de l'annonce le 22 juin d'un nouveau budget pour l'exercice budgétaire qui s'achève fin mars 2011, puis à l'automne par une revue complète des dépenses publiques.