Le Trésor britannique va céder pour 17 milliards d'euros d'actifs,une stratégie critiquée par les conservateurs. Le premier ministre britannique, Gordon Brown, a annoncé que l'Etat allait céder pour 16 milliards de livres d'actifs (plus de 17 milliards d'euros) afin d'assainir les finances publiques. Parmi les entreprises et les biens appartenant à l'Etat qui vont être vendus au cours des deux prochaines années figurent la liaison ferroviaire High Speed One empruntée par l'Eurostar entre Londres et la Manche, la part britannique de 33 % dans la société Urenco spécialisée dans l'enrichissement d'uranium, la société de bookmakers Tote, qui a le monopole sur les paris mutuels hippiques en Grande-Bretagne, et un organisme de prêts aux étudiants. Le gouvernement espère tirer de ces quatre privatisations environ 3 milliards de livres (3,2 milliards d'euros).Le reste des 16 milliards de livres proviendra de la vente de biens immobiliers et d'autres actifs détenus par des collectivités locales. L'opposition a critiqué hier le calendrier de ces privatisations, faisant remarquer que ce n'était pas le moment idéal pour tirer la valeur optimale de ces actifs. Les conservateurs ont rappelé, goguenards, qu'en 1999 Gordon Brown, alors chancelier de l'Echiquier, avait vendu 400 tonnes d'or des réserves de la Banque d'Angleterre, alors que le marché du métal précieux était à son plus bas. "N'oublions pas que c'est le premier ministre qui a vendu nos réserves d'or, et que s'il les avait vendues plus tard il aurait pu en tirer quatre fois plus !", a ironisé David Cameron. Depuis 2007, l'Etat a tenté à deux reprises, sans succès, de vendre la société de pari Tote, d'abord pour 400 puis pour 320 millions de livres. À cause de l'activité très sensible d'Urenco, responsable de 25 % de l'enrichissement d'uranium dans le monde, la vente devra être accompagnée de nombreuses garanties sur la sécurité. Le Royaume-Uni détient 33 % d'Urenco, comme l'Etat néerlandais, les groupes allemands E.ON et RWE ayant chacun un sixième. Coupant court aux critiques de l'opposition, le ministre des Finances Alistair Darling a déclaré hier que " nous n'allons pas nous précipiter pour vendre quelque chose, si nous estimons que nous pourrions en tirer un meilleur prix plus tard ". Devant des économistes, Gordon Brown a expliqué, hier, qu'il préférait agir de la sorte pour réduire la dette publique plutôt que de réduire des dépenses publiques tout de suite, ce qui aurait un impact négatif sur l'activité économique du pays. L'objectif des travaillistes est de diviser le déficit budgétaire de moitié d'ici quatre ans, sans pour autant réduire les stimulus destinés à soutenir le retour à la croissance. La semaine dernière, les conservateurs avaient présenté à Manchester des éléments précis de leur plan d'austérité budgétaire, expliquant que le remboursement de la dette serait la priorité pour l'économie. En avril dernier, le chancelier Alistair Darling avait prévenu que le déficit du Royaume devrait atteindre 175 milliards de livres cette année, soit 12 % du PIB, le pire résultat des pays membres du G20. La dette de l'Etat va continuer à augmenter. D'après les économistes de l'Institute for Fiscal Studies (IFS), elle représentera entre 80 % et 90 % du PIB vers 2015. La dégradation des comptes publics s'explique comme partout en Europe par la chute des entrées fiscales. Au Royaume-Uni, elle a été aggravée par un plan de sauvetage du secteur financier très coûteux et par des mesures ambitieuses de relance de la consommation, notamment la baisse de la TVA à 15 %. M.K.