Les ministres des Affaires étrangères des Vingt-sept qui se réunissent lundi à Luxembourg s'apprêtent à presser Israël de lever le blocus auquel il soumet Gaza. Selon leur projet de communiqué, dont Reuters a pu prendre connaissance vendredi, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne présentent le blocus de la bande de Gaza comme "inacceptable et contraire à l'effet recherché du point de vue de la sécurité d'Israël". Les Vingt-sept réaffirmeront en outre leur adhésion à la déclaration du Conseil de sécurité de l'Onu exigeant une enquête "crédible et impartiale" après l'abordage sanglant le 31 mai par la marine israélienne d'une flottille d'aide qui avait tenté de briser le blocus maritime de Gaza. Mais ils demanderont que cette enquête soit "indépendante", un qualificatif dont les Etats-Unis avaient obtenu le retrait dans le texte des Nations unies. L'UE propose ses services pour la mise en place d'un nouveau mécanisme de contrôle terrestre et maritime des importations et exportations de Gaza permettant un approvisionnement régulier des 1,5 million d'habitants, tout en assurant le filtrage des éventuelles fournitures d'armes. Dans un texte commun publié vendredi par plusieurs journaux européens, les ministres des Affaires étrangères français, italien et espagnol appellent Israël à passer d'une "logique d'interdiction d'approvisionnement à Gaza, sauf exception, à une logique d'autorisation générale sauf produits interdits". Dans le projet de communiqué soumis à la réunion de Luxembourg, leurs collègues des Vingt-sept appelleront de leurs voeux "un changement de politique conduisant à un flux sans entraves des personnes, des marchandises commerciales et de l'aide humanitaire", conformément aux exigences du Conseil de sécurité des Nations unies. L'Union européenne est le principal bailleur de fonds des territoires palestiniens, l'aide communautaire ajoutée à celles accordées à titre individuel par les pays membres atteignant un total de 600 millions d'euros. Dans leur projet de communiqué, les ministres des Affaires étrangères européens réaffirmeront par ailleurs leur adhésion au principe d'une coexistence dans la paix et la sécurité de deux Etats, Israël et un Etat indépendant. A cette fin, ils soulignent la nécessité d'accélérer les efforts de réconciliation entre le Fatah, qui administre la Cisjordanie occupée, et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza. Les Vingt-sept se donnent enfin deux ans pour aboutir à une solution régionale globale qui impliquerait aussi un règlement des contentieux entre Israël et la Syrie, et entre Tel Aviv et le Liban. Notons que le Hamas a rejeté jeudi ce qu' il a qualifié de "tentatives de certaines parties régionales et internationales" pour alléger le siège israélien de Gaza, demandant la levée complète du blocus. "Certaines parties régionales et internationales tentent de traiter le problème du siège de Gaza en allégeant le siège", a déclaré jeudi Khaled Mashaal, président du bureau politique du Hamas, aux journalistes après sa rencontre avec le vice-président soudanais, Ali Osman Mohamed Taha. "Nous rejetons cela entièrement. Ce que nous demandons est l' annulation complète du siège. Le passage de Rafah doit être entièrement rouvert aux mouvements de personnes et de marchandises. Les passages entre l'enclave et l'entité sioniste doivent également être ouverts", a-t-il ajouté. M. Mashaal a réitéré le désir du Hamas de se réconcilier avec le Fatah, déclarant : "Nous voulons la réconciliation et nous sommes ceux qui en faisons la demande". "Nous voulons une vraie réconciliation qui atteigne l'intérêt national, préserve les droits des Palestiniens et établisse un partenariat dans les décisions politiques et sécuritaires et dans le processus démocratique", a-t-il ajouté. Il a par ailleurs souligné des raisons qui entravent les efforts de réconciliation entre le Hamas et le Fatah. "Il y a l' intervention américaine, outre le fait que la priorité pour les Etats-Unis et certaines parties n'est pas la réconciliation mais la reprise des négociations indirectes, et ensuite l'autre parti palestinien à la réconciliation veut une réconciliation qui serve ses intérêts et non une vraie réconciliation", a-t-il précisé.