Les Palestiniens et plusieurs pays ont jugé insuffisante la décision prise jeudi par Israël d'assouplir le blocus qu'il impose depuis près de quatre ans à la bande de Ghaza exigeant la levée totale de ce siège qui "se poursuit sans répit". Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a affirmé qu'il n'y avait pas de solution partielle pour lever le siège, qualifiant la décision israélienne d'"opération de relations publiques". Pour M. Abbas, Israël veut, à travers sa décision, faire croire qu'il a allégé son blocus de quatre ans et ses restrictions encore plus anciennes au mouvement de la population de Ghaza. Mais, en réalité, le siège illégal de Ghaza, "continue sans répit", les Ghazaouis étant toujours confrontés à un manque terrible de produits de base et de soins médicaux. Selon un communiqué de l'Autorité palestinienne, l'entité sioniste n'autorise l'entrée que de 114 produits, alors qu'il en faudrait 8.000 pour répondre aux "besoins fondamentaux des Palestiniens". Mercredi, le principal négociateur palestinien, Saëb Arekat, avait réitéré l'appel à la levée du blocus israélien en vigueur à Ghaza et à l'ouverture de tous les points de passage et voies menant vers cette enclave palestinienne. "Il n'est nullement question d'alléger le blocus, mais de le lever, et ce par quelque moyen que ce soit, notamment par le biais de l'ouverture des postes frontaliers entre Ghaza et Israël", avait déclaré M. Arekat, à la radio palestinienne "Voix de la Palestine" soulignant que "tous les besoins de Ghaza doivent être complètement satisfaits". Pour sa part, le mouvement de résistance Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza depuis juin 2007, a aussi dénoncé l'annonce israélienne d'alléger l'embargo, exigeant la levée totale du blocus. Aussi, l'Autorité nationale palestinienne (ANP) a exprimé jeudi ses réserves sur l'éventualité d'un envoi de forces navales de l'Union européenne (UE) pour surveiller les rivages de Gaza. La chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton a déclaré mercredi qu'une mission de l'UE pourrait être envoyée pour surveiller la circulation de marchandises vers et depuis Gaza, " en cas de levée par Israël de son blocus maritime ", même si ce processus serait bien plus difficile que la surveillance de points de passage terrestres qu'avait réalisée l'UE par le passé à la frontière entre Gaza et l'Égypte. L'Autorité nationale palestinienne (ANO) " appelle toutes les parties à ne pas enfermer Gaza dans de nouveaux dédales ", a déclaré Yasser Abed Rabbo, conseiller du président Mahmoud Abbas. " Les efforts doivent viser à lever complètement le siège sur Gaza ", a-t-il déclaré à la radio Voix de la Palestine, commentant les propos de Mme Ashton. M. Abed Rabbo a expliqué que mettre fin au siège signifierait " ouvrir les passages terrestres entre Gaza et Israël ", plutôt que de présenter des propositions " de différentes parties qui pourraient aboutir au maintien de ce verrouillage mais sous une présentation différente ". En Jordanie, la décision de desserrer le blocus a été également jugée "insuffisante" par le ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement, Nabil Sharif qui a réclamé une levée totale de cette mesure injuste. L'allégement du blocus israélien à Ghaza a été également qualifié d'insuffisant par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. De son côté, le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, dont le pays assure actuellement la présidence de l'Union européenne, a qualifié la décision israélienne de "pas dans la bonne direction" soulignant que l'UE va travailler pour avoir une présence européenne aux points de passage à Ghaza afin de faciliter l'entrée des biens et des personnes. "Nous espérons maintenant que davantage de marchandises arriveront à la population" de Ghaza pour améliorer son quotidien, a dit, pour sa part, le Haut représentant de la politique extérieure de l'UE Mme Catherine Ashton.