La récente hausse des prix des matériaux de construction en Algérie est causée par les spéculateurs. C'est ce qui ressort de l'enquête menée par les services de contrôle du marché national, selon le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, M. Noureddine Moussa. Le premier responsable du secteur de l'habitat, présent hier au rendez-vous hebdomadaire avec la presse, organisé à l'issue de chaque réunion du conseil de gouvernement, nie, toutefois, l'existence d'une flambée générale des prix des matériaux de construction. Il a souligné que le problème se pose pour le ciment et le rond à béton. Pour ce qui est du ciment, le ministre a indiqué que l'augmentation du prix de cette matière a débuté depuis le dernier trimestre de l'année 2007 et le premier trimestre de 2008 tout en affirmant que le taux d'augmentation du prix du ciment n'a pas dépassé les 4% à sa sortie d'usine. Cependant, sur le marché le sac de 50 kilos de ciment est cédé à plus de 470 dinars l'unité et le quintal de rond à béton se négocie à partir de 9.000 dinars au prix de gros. Concernant le rond à béton, M. Noureddine Moussa a expliqué que la flambée des prix de cette matière est liée à la hausse des cours de ce matériau sur les marchés mondiaux. Les deux matériaux constituent l'essentiel des ingrédients nécessaires à la fabrication du béton armé utilisé dans le bâtiment et les travaux publics. Dans le cadre de cette crise qui continue d'affoler les entrepreneurs et fait planer un doute sur les effets négatifs qu'elle pourrait avoir sur les programmes de réalisation de logements en cours, le gouvernement a tenu deux conseils interministériels, le dernier a eu lieu ce lundi, selon le ministre de l'Habitat. Après évaluation de la situation, le gouvernement a décidé de prendre des mesures qui ont été mises en œuvre depuis hier. S'agissant du ciment, le ministre a expliqué que le gouvernement a décidé d'intensifier le contrôle de cette matière depuis sa sortie de l'usine jusqu'à son arrivée aux distributeurs ayant recours à la spéculation. D'ailleurs, des commissions mixtes ont entamé, depuis mardi, leur travail de contrôle. En ce qui concerne le rond à béton, d'autant que le problème est externe et dépend de la crise sur le marché mondial, l'Etat a décidé de subventionner le prix de cette matière et prendre en charge ainsi toutes les augmentations des prix justifiées et payer au prix réel du rond à béton prévu pour le marché national. Néanmoins, cette mesure ne touchera pas les programmes d'autoconstruction, pour lesquels les concernés ont déjà bénéficié d'une aide de l'Etat évalué à 50 millions de centimes. Sur ce point, le ministre a souligné que lors d'une visite d'inspection qu'il a effectuée dans la wilaya de M'sila la semaine dernière, il a constaté que des constructeurs ont dépassé dans la valeur de leur construction l'aide de l'Etat. Notant que l'aide attribuée par l'Etat pour l'autoconstruction dans le cadre de l'habitat rural a atteint 300 milliards de DA. Interrogé sur la proposition du directeur de l'EPLF de recourir à la location à un prix bas au lieu de vendre ces logements afin d'éviter la spéculation, le ministre a rappelé que le loyer actuel est administratif ; il a invité le directeur de l'EPLF de se contenter de prendre en charge son programme de construction et de le faire convenablement. En outre, il a annoncé qu'en juin prochain, l'Algérie tiendra une conférence internationale sur l'entretien du parc immobilier. Il y a lieu de souligner que le ministre de l'Habitat a présenté, hier, au conseil de gouvernement le dossier relatif à la politique de l'habitat et de l'urbanisme. Dans ce cadre, le ministre qui a reconnu l'effet négatif de la flambée des prix de matériaux de construction sur les programmes engagés, a indiqué que jusqu'à décembre 2007, 430 000 logements ont été livrés et distribués et ce, dans les différentes formules, à savoir LSP, location-vente, alors que 540 000 logements sont en voie de construction. Le ministre a conclu que la majorité du programme d'un million de logements est en voie de finalisation et 209 000 logements ruraux ont été distribués, en attendant la mise en œuvre des plans complémentaires. Concernant l'urbanisme, pris en charge par deux plans, notamment le plan directeur de l'aménagement de l'urbanisme et le plan d'occupation des sols (POS), le département de l'habitat va réviser 800 plans. Pour ce qui est du relogement des habitants des bidonvilles, le ministre a démenti la rumeur portant sur l'évacuation des occupants vers leurs wilayas d'origine. Concernant l'anarchie constatée en matière d'urbanisation, le ministre a proposé le recours à des bureaux d'étude qualifiés, aux entreprises étrangères qualifiées, régler le problème du foncier et aller vers l'industrie de la construction. Notons que les modes utilisés par l'Algérie sont dépassés. Par ailleurs, le conseil de gouvernement a examiné un projet de décret exécutif concernant la construction d'une école nationale de management. Pour sa part, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines a présenté un rapport sur la gouvernance. A ce titre, M. Boukerzaza a indiqué que l'Algérie présentera son rapport d'évaluation en juillet prochain en Egypte.