Publié en 1998 aux Editions de Minuit, " Des hommes " de Laurent Mauvignier vient d'etre réédité aux éditions Barzakh. Dans une bourgade de province, une agression raciste rouvre les plaies algériennes. Un roman majeur de Laurent Mauvignier sur les blessures de la guerre. "Des hommes " est une oeuvre de fiction qui revient sur cette page peu glorieuse de l'histoire de la colonisation française. Dans la salle des fêtes d'un bourg de province, on célèbre le soixantième anniversaire et le départ à la retraite de Solange.L'ambiance est joviale, jusqu'à ce que surgisse son frère aîné, Bernard, que tout le monde appelle "Feu-de-Bois", car il sent moins la rose que l'odeur de cheminée. Un ange passe lorsque cet homme à la Mobylette offre à sa soeur, devant l'assemblée, une grande broche en or. Comment lui, qui "vit aux crochets des autres", a-t-il pu acquérir un tel objet ? Alcool oblige, les esprits s'échauffent. Eméché, Bernard commettra une agression raciste impardonnable envers le Maghrébin du village et sa famille. Celui qui raconte les faits au début, c'est le cousin de Feu-de-Bois, Rabut, dit "le Bachelier".Près de quarante ans plus tôt, tous deux ont accompli leurs "vingt-huit mois" en Algérie, ce "Club Bled", aux abords d'Oran. Dans les années 1950, Bernard rêvait juste de devenir garagiste et de s'installer avec la belle Mireille. Mais sous l'uniforme, il doit vivre avec cette brute de Février, Châtel le pacifiste, les deux harkis Idir et Abdelmalik, et la petite Fatiha. La tension avec les "fellouzes" monte de jour en jour. Dans le format poche, cette publication se veut pratique, sans aucune contrainte technique d'autant qu'elle regorge de détails verbeux parfois même "croustillants". Cet ouvrage mêle dans une forme originale, la vision globale d'une guerre contée par un romancier hors pair. Un rappel historique et tragique.L'épilogue de ce roman est marqué par des phrases courtes succinctes et nostalgiques à l'instar de "Je voudrais voir s'il y a des fermes avec des cours carrées et presque blanches et s'il y a des enfants qui jouent au ballon pieds nus. Je voudrais voir si l'Algérie existe et si moi aussi je n'ai pas laissé autre chose que ma jeunesse, là bas. Je voudrais…commencer à vivre quand on sait que c'est trop tard"."Des hommes" Laurent Mauvignier, 232 pages Editions Barzakh, prix public : 600DA.