Malgré un léger desserrement de l'isolement du territoire palestinien, la situation y reste précaire. Face à la critique internationale, Israël a observé un petit recul en desserrant légèrement, lundi soir, le blocus sur la bande de Ghaza par l'autorisation du passage de trois camions de mazout. Ce geste est en fait symbolique, car il laisse les choses en l'état alors que les produits de première nécessité se font de plus en plus rares. Sous le risque de se disqualifier, la «communauté internationale» a réagi mollement et sur le tard aux conditions insupportables imposées par l'occupant israélien aux populations palestiniennes cantonnées dans la bande de Ghaza, sans secours ni recours. D'autant plus que la légère «concession» faite à la critique internationale ne remet en rien en cause le maintien d'un blocus qui fait mourir, à petit feu, le peuple palestinien. Le porte-parole du Hamas, qui gère actuellement la bande de Ghaza, Tahar Al Nounou a estimé que le geste d'Israël est de «la poudre aux yeux». Il a ajouté: «A quoi cela sert d'avoir une ville éclairée alors que la mort lente continue à cause des pénuries en produits alimentaires et médicaments?» De fait, les propriétaires des 180 stations d'essence de Ghaza n'ont pas voulu prendre possession du carburant livré hier par Israël, suite à l'allègement décidé lundi soir, estimant les quantités, ainsi concédées, dérisoires et ne répondant pas aux besoins du territoire de la bande de Ghaza. D'ailleurs, si l'électricité est revenue, l'unique centrale électrique de Ghaza tourne néanmoins au ralenti et à mi-temps du fait que les 360.000 litres de mazout livrés restent insuffisants pour permettre à la centrale de fonctionner à plein régime. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a, de son côté, critiqué l'insuffisance d'un «allègement» qui laisse en fait les choses en l'état, exigeant la levée totale du blocus imposé à la bande de Ghaza. «Cela est insuffisant et nous allons poursuivre nos efforts pour obtenir la levée totale du blocus», a déclaré M.Abbas à la presse à Ramallah après une rencontre avec le chef de la diplomatie néerlandaise, Maxime Verhagen. Evoquant la situation à Ghaza, Mahmoud Abbas a ajouté, faisant allusion aux tirs sur le sud d'Israël et au contrôle de Ghaza par le mouvement rival Hamas: «Ce n'est pas le peuple qui tire ces roquettes. Nous avons condamné ces tirs futiles et continuons de le faire. Ces tirs doivent cesser.» En visite à Londres, le Premier ministre de l'Autorité palestinienne, Salam Fayyad, a, de son côté, admis que la «mainmise» du Hamas sur la bande de Ghaza limite le champ d'interventions de son gouvernement, indiquant: «En ce qui concerne Ghaza, notre influence est sérieusement limitée par le fait que nous ne contrôlons pas le territoire.» Interrogé sur le devenir des négociations, M.Fayyad a affirmé que celles-ci devaient se poursuivre malgré la situation présente dans la bande de Ghaza, déclarant: «Les négociations peuvent évidemment se poursuivre même dans les conditions très difficiles que nous connaissons actuellement», lors d'une conférence conjointe avec le chef de la diplomatie britannique, David Miliband. M.Miliband a estimé que «la situation humanitaire reste très préoccupante» et a salué le «leadership courageux» de l'Autorité palestinienne, prête à poursuivre les discussions en vue de l'instauration de deux Etats, après la relance des négociations par le sommet d'Annapolis (Etats-Unis) le 27 novembre dernier. Dans la bande de Ghaza, la situation était toujours précaire hier où les habitants de Rafah ont manifesté demandant l'ouverture de la frontière avec l'Egypte voisine. Toutefois, les forces de sécurité égyptiennes avaient dispersé hier les manifestants en usant de lances à eau. Le terminal de Raffah était hier en ébullition selon des témoins sur place alors que des centaines de Palestiniens tentaient de passer de l'autre côté de la frontière. Celle-ci est fermée depuis 2005. L'accord tripartite (Israël, Egypte, Autorité palestinienne) qui devait réguler les mouvements au passage de Rafah a, en fait, rarement fonctionné du fait du refus d'Israël de coordonner les opérations permettant de faire marcher le terminal. Selon l'accord sus mentionné, le terminal ne peut fonctionner qu'en étroite coordination entre Israël qui y dispose de caméras de surveillance, les Palestiniens, l'Egypte et des observateurs européens. Un refus d'Israël de coordonner les opérations entraîne théoriquement, en fait pratiquement, la fermeture du point de passage. Ce qui est le cas depuis deux ans. Ainsi, les Palestiniens se trouvent triplement pris dans le piège d'Israël, qui a cadenassé la bande de Ghaza -depuis qu'elle en a retiré ses colons et son armée en août 2005- de l'Egypte -qui refuse d'aider même indirectement une population aux abois- et du Hamas, qui contrôle depuis le 15 juin 2007 le territoire de la bande de Ghaza, créant une profonde crise politique et le clash entre les Palestiniens, affaiblissant leurs positions face à l'ennemi commun: Israël. Notons, enfin, que le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir, hier, en urgence pour examiner la situation à Ghaza.