Voila déjà cinq années que disparaissait tragiquement, emporté par une crue de l'oued Idjiriou de la ville de Djanet, un 17 juin 2005, l'icône de la musique du grand Sud algérien. Celui qui représentait le blues du désert avait 50 ans. Comme chaque année, la ville d'Illizi lui rend un hommage posthume qui, cette fois-ci à duré plusieurs jours puisque s'étant étalé du 08 juin au 19 juin passé. L'artiste est connu comme le loup blanc, aussi bien dans l'immensité du désert qu'il aime tant, que dans les autres contrées du nord qu'elles soient algériennes ou occidentales. Cet hommage s'est traduit comme ce fut le cas d'ailleurs en la même occasion, l'an dernier, par une série d'activités à la maison de la culture de la ville dont une double exposition évoquant la carrière, les textes, les choix et les passions de cet artiste. L'exposition, présentée simultanément à la salle de la bibliothèque communale de Djanet et à la maison de la culture du chef-lieu de wilaya, est élaborée par la direction de la culture. "Othmane Bali a été un immense artiste qui a su redonner à la musique targuie ses lettres de noblesse et une reconnaissance universelle pour sa valeur réelle, loin des exotismes stéréotypés", a-t-on souligné dans les milieux culturels. Ce qu'il faut dire d'essentiel par rapport à ce chanteur à la voix sucrée c'est que chez lui, la musique se pratique, se lègue de mère en fils et de père en fils. La preuve, c'est que dans sa chorale, il y avait sa mère et après sa disparition, sa mère est toujours là tout aussi que son fils, Nabil Bali qui a repris le flambeau. Pour sa mère, Hadja Khadija, Othmane Bali, chantre de la culture touarègue, qui chantait le désert de sa voix profonde et sucrée et racontait l'espace infini et le vent dans les dunes, est retourné à la source. "Son blues saharien restera pour toujours dans nos cœurs et nos esprits" dira sa maman, ajoutant que "pour mon fils défunt, Othmane Bali, la musique était une histoire de famille. C'est moi-même, qui lui ai transmis ce genre musical touareg, en même temps que la vie. Othmane avait été bercé par mes chants et mes poèmes" précise-t-elle. Quant à son fils Nabil, chanteur, joueur de luth, célèbre poète des Touaregs Kel Ajjer de Djanet, il est réellement le fils de son pére. Déjà à l'âge de 13 ans son père lui offre une guitare classique. Il apprend tout seul, puis rejoint sa troupe avec laquelle il joue aussi de la percussion (derbouka). Après la mort de son père, Nabil décide de reprendre le flambeau, et participe déjà avec la troupe "Tahijal" à plusieurs tournées à différents festivals d'été (France et Italie), a indiqué son épouse Zineb. La musique de mère en fils Fils d'une grande chanteuse de tindé, Athmane Bali s'est influencé par la musique de sa mère (Khadidjata) qu'il a longtemps accompagnée dans son orchestre au même titre que ses frères. Il devient son successeur en révélant ce genre musical en Algérie et à l'étranger. L'artiste du désert maîtrisait aussi bien le luth, son instrument favori qu'il a découvert au cours de ses études de technicien en médecine en 1970 que les autres instruments. Un peu mal à l'aise dans cette musique un peu figée, Athmane Bali décide de l'améliorer, et la preuve par neuf se trouve dans son succulent Kef None live, Live à Caracas, Live à Constantine.... il organise alors des tournées nationales et internationales en plus de ses diverses participations dans les festivals et les concerts. C'est ainsi que le Targui a été rehaussé dans le public algérien et mondial. Il était l'ambassadeur du tindé, le genre musical de sa région de Djanet, qu'il a contribué à faire découvrir au public algérien et international. Le troubadour nomade, infirmier de son état, ayant un pied à Paris et l'autre dans les sables du Tassili n'Ajjer, à 2 000 km d'Alger, a stoppé sa course. Othmane Bali est parti sans avoir achevé son œuvre, une œuvre immense comme son désert natal et sa culture targuie.Né au sein d'une famille mélomane, toute son enfance a été bercée par la musique de sa mère, grande chanteuse de tindé, le genre musical de la région, qu'il a remis au goût du jour.Il écrivait des textes en tamacheq et en arabe, saupoudrant parfois ses couplets d'un peu de français. Il a revisité la musique du terroir et a contribué à sa renaissance et à son élargissement au-delà des frontières. Pour mettre en valeur ce blues de l'oasis intense et captivant il avait créé sa propre formation. Autour de lui : sa famille. Son fils, sa superbe femme, ses nièces aux chœurs et bien sûr sa mère, Khadidjata, incontournable, frêle silhouette à la voix puissante, qui l'accompagne partout. " C'est mon porte-bonheur ", disait-il volontiers. Enchaînant en riant : " Elle a déjà fait deux fois le tour du monde avec moi ! Elle m'a même accompagné au Japon ! " A leurs côtés, Othmane était à l'aise, laissant éclater son profond talent. Il aimait l'improvisation et était capable de jouer jusqu'au bout de la nuit, arrachant des notes épicées et des complaintes lancinantes à son luth, jusqu'à le faire pleurer ou gémir. Bali est mort, pas sa musique.