La parité intermédiaire du yuan RMB (monnaie chinoise) contre le dollar américain reste inchangée lundi, soit 1 dollar américain contre 6,8275 yuans, selon le système chinois de transaction de devises. La Banque populaire de Chine (banque centrale) a annoncé samedi dernier sa décision d'accélérer la réforme du système de fixation du taux de change du yuan RMB pour améliorer sa flexibilité. Dans ce sens, l'OCDE a indiqué qu'une appréciation trop rapide du yuan risquerait de faire dérailler la croissance en Chine, entraînant d'autres pays dans son sillage. Le déplacement de richesse vers les pays émergents a entraîné des conséquences macro-économiques au plan mondial, analyse l'Organisation de coopération et de développement économiques dans son dernier rapport sur les Perspectives du développement mondial. L'ouverture de grandes économies autrefois fermées comme la Chine, l'Inde et l'ex-Union soviétique a produit un choc du côté de l'offre de main-d'oeuvre avec, dans les années 1990, quelque 1,5 milliard de travailleurs qui ont rejoint l'économie libérale, ce qui a réduit le coût de divers biens et services. La croissance dans les pays émergents a parallèlement stimulé la demande de nombreux produits, notamment les combustibles fossiles et les métaux industriels, transférant la richesse aux exportateurs de matières premières et dynamisant immédiatement la croissance en Afrique, sur le continent américain et au Moyen-Orient. Avec cette évolution, nombre de pays sont passés du statut de débiteurs nets à celui de créanciers nets, ce qui a maintenu les taux d'intérêt aux États-Unis et dans le monde à un niveau inférieur à celui qu'ils auraient dû atteindre. "À mesure que ces processus se sont accélérés, les déséquilibres mondiaux se sont fortement accentués, conduisant certains observateurs à préconiser vivement une appréciation de la monnaie chinoise", souligne l'OCDE. "Or, une appréciation rapide et prématurée du renminbi risquerait d'être préjudiciable à la croissance de la Chine et, par extension, de certains de ses partenaires économiques, notamment de nombre de pays qui se classent déjà parmi les pays en difficulté et les pays pauvres du monde". Pour l'OCDE, les déséquilibres reflètent des problèmes structurels qui, pour être résolus, peuvent nécessiter des "changements sociaux radicaux" afin de stimuler la consommation en Chine et, partant, accroître sa demande intérieure pour que l'économie soit moins tributaire des exportations. Par ailleurs, le geste d'ouverture annoncé samedi par Pékin, qui a annoncé une nouvelle flexibilité sur le taux de change du yuan, sera passé au crible au sommet des pays riches et émergents du G20 à Toronto (Canada), alors que les États-Unis semblaient près de lui imposer des sanctions. L'annonce chinoise devrait relâcher la pression sur Pékin, relèvent les experts, mais les dirigeants du G20 vont certainement vouloir évaluer sa portée réelle, et dans quelle mesure Pékin a rempli ses obligations pour participer aux efforts visant à réduire les déséquilibres économiques mondiaux. Cela fait maintenant deux ans que la valeur de la monnaie chinoise n'a pas bougé face au dollar malgré la formidable croissance du pays le plus peuplé du monde, deuxième partenaire commercial des États-Unis. Jusqu'alors, Pékin semblait jouer la montre : vendredi encore le directeur du département international de la banque centrale, Zhang Tao, assurait que le yuan n'était pas au programme du G20.