Le département américain du Trésor a déclaré que le yuan chinois restait sous-évalué, tout en se refusant à dire que la Chine manipulait sa devise pour en tirer un avantage commercial. Dans son rapport semestriel sur les pratiques de ses partenaires commerciaux publié avec retard - il était attendu pour le 15 avril - le Trésor a estimé que la décision annoncée par la Chine le mois dernier d'assouplir la formation du taux de change du yuan, appelé aussi renminbi, était importante. "Ce qui compte est de combien et à quelle vitesse le renminbi s'apprécie", a déclaré le secrétaire au Trésor Timothy Geithner, dans un communiqué accompagnant le rapport. "Nous suivrons de près et régulièrement l'appréciation du renmimbi et continuerons à travailler en direction d'une augmentation des opportunités pour les exportations américaines en Chine", a-t-il ajouté. Une semaine avant la réunion du Groupe des 20 (G20) le mois dernier au Canada, Pékin avait libéré sa devise de son ajustement au dollar, qui durait depuis près de deux ans. Depuis, le yuan s'est modestement apprécié. Les élus du Congrès ont proposé de revoir la législation américaine sur le commerce et les devises pour rendre plus facile des sanctions contre les pays ayant des devises considérées comme "fondamentalement mal alignées" avec le dollar, ce qui leur donne un avantage commercial injuste par rapport aux produits fabriqués aux Etats-Unis. Le président de la Commission des Finances du Sénat, Max Baucus, a estimé la Chine devait prendre de nouvelles "mesures significatives" pour que sa devise s'apprécie. Il n'a pas toutefois menacé de légiférer sur le sujet. "Il y a quelques semaines, la Chine a pris une petite mesure dans cette direction, mais les petites mesures ne sont pas suffisantes. La Chine doit prendre des mesures importantes pour que sa devise s'apprécie et je souhaite que ces mesures surviennent bientôt." Il a appelé le gouvernement à être "vigilant" à ce sujet. Le sénateur démocrate de New York Charles Schumer, très critique sur les pratiques de la Chine, a estimé que c'était désormais au Congrès d'agir puisque le gouvernement n'avait pas qualifié la Chine de pays manipulateur de devise. "Ce rapport est décevant parce qu'il est sans surprise", indique le sénateur qui estime qu'il faudra "une loi du Congrès" pour répondre aux "manipulations de changes" de la Chine. Notons que pour sa part, la Banque populaire de Chine (banque centrale) a déclaré jeudi que la Chine poursuivra une politique monétaire relativement souple durant le deuxième semestre de l'année afin d'entretenir la continuité et la stabilité des politiques macroéconomiques. Nous appliquerons plusieurs outils monétaires pour maintenir une croissance appropriée concernant l'approvisionnement, et réglerons la structure du crédit afin de diminuer les risques, a réaffirmé la banque centrale dans un communiqué publié en ligne, qui dévoile le consensus parvenu par sa commission de politique monétaire. La banque centrale a réitéré qu'elle améliorerait le mécanisme du taux de change du yuan RMB (monnaie chinoise) et réajusterait sa valeur sur un panel de monnaies étrangères.