Jusqu'au 29 juillet prochain, l'Institut culturel italien propose une exposition de photographies qui retrace la guerre d'Alger. "Algérie 59 " est l'intitulé de cette expo qui rassemble quelques 60 photographies très parlantes. Signées par le reporter italien, Vittorugo Contino, ces photos relatent les moments forts d'une guerre atroce qui, jusqu'à aujourd'hui, a laissé des séquelles sur ceux qui lui ont survécue. Traversant clandestinement les frontières algéro-tunisiennes pour accomplir son reportage dans les camps du FLN, Vittorugo Contino vole au gré de ses rencontres, des instants aussi terribles qu'étranges. C'est avec talent confirmé et stoïcisme que ce photographe démontrera l'envie acharnée d'un peuple d'arracher au prix des sacrifices son indépendance. Les fellagas sont omniprésents dans ces photographies noir et blanc, dans leur burnous gris traînant dans les cocons forestiers et les djebels pour traquer l'ennemi. Dans les images de Contino, aucune scène de violence. A peine des suggestions à travers les images qui donnent à voir les simulations militaires. Pourtant, la guerre est bien là. Le visiteur ne peut regarder ces photographies sans songer aux drames que cette situation de conflit armé engendre. 60 photos inédites en noir et blanc provenant des archives " Algeria " réalisées par ce reporter courageux. " J'étais conscient que j'allais devenir un des témoins de l'agonie du colonialisme ", se souvient le photographe de son arrivée dans les monts de Medjerdah. Des photographies de fellagas, dont se réclame le photographe lui-même, et que la dénomination révolutionnaire a sanctifié du nom de moudjahid. Des scènes de vie dans les casemates, où les simulations militaires côtoient les furtifs tableaux de sympathie du capitaine Ben Salem. Un enfant tout sourire offre sa frimousse à l'objectif de Contino. Le regard du môme enjambe un entrecroisement de fils barbelés. Le tableau inspire au photographe L'Avenir de l'Algérie (légende de la photographie). Les réfugiés de la guerre ont aussi des visages grâce à Vittorugo. Déracinés, perdus entre les arbres. L'Algérie, où la " rébellion contre la phase extrême du colonialisme était en cours ", devient pour le photographe un champ de travail où il peut tester son regard en subjectivité à la recherche d'un équilibre dans la représentation. A son retour à Rome à la fin de 1959, il parle à Pontecorvo de ce qu'il a vu en Algérie. En 1966, ce dernier réalise La Bataille d'Alger.