Il y a de ces évènements qui marquent l'histoire et l'humanité entière, laissant des traces pour les générations futures. Des traces indélébiles. Des preuves défiant le temps. Depuis mercredi dernier, l'Institut culturel italien en Algérie abrite une exposition de photographies du reporter italien Vittorugo Contino, intitulée “Algérie 59”. Une exposition a déjà eu lieu au même endroit, en 2004, à l'occasion de la célébration du 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne, le 1er novembre 1954, inaugurée par la ministre de la Culture Khalida Toumi. Cette année, elle revient avec un nouvel habillage, et elle a été inaugurée, cette fois, à la veille de la fête de l'indépendance qui coïncide avec le 5 juillet. “Algérie 59” contient 60 photos inédites en noir et blanc provenant des archives “Algeria”, réalisée par Vittorugo Contino en 1959, lors de son passage, en cette même année, de manière clandestine en Algérie, traversant la frontière tuniso-algérienne. Soixante photographies de “fellagas”, comme aimaient appeler les militaires français les moudjahidine. Ce sont des scènes de vie dans les casemates, les maquis où les simulations militaires côtoient les furtifs tableaux de sympathie du capitaine Ben Salem. Placés en séries, ces tableaux racontent le quotidien de ces combattants de l'indépendance, côtoyant le vécu des habitants des monts de Medjerdah. Hormis les clichés sur la guerre, le visiteur pourra découvrir un autre côté de ces soldats : la bonté et le cœur. En témoigne la série de photographies d'une école en plein air où des chérubins, innocents, apprennent la langue arabe, malgré le climat de terreur et d'incertitude qui régnait à cette époque… Les plus touchantes sont celle d'un enfant tout sourire offrant sa frimousse à l'objectif de Contino, montrant son insouciance d'enfant. Ou bien celles de ce môme enjambant un entrecroisement de fils barbelés, de ces portraits d'enfants symbolisant l'avenir de l'Algérie de demain, post-indépendante... Même les déracinés de la guerre ont droit de cité dans cette exposition. Le photographe a élargi son champ visuel. Avec son regard — qui demeure subjectif —, il a restitué, à travers “Algérie 59”, une vérité, une réalité. Car, de retour dans son pays, il parle au réalisateur Pontecorvo de ce qu'il a vu. Ce dernier, en 1966, réalise “la Bataille d'Alger” Au-delà de sa valeur artistique, cette exposition est un hommage à ceux qui ont donné leur vie pour l'indépendance. “Algérie 59”, exposition de photographies du Vittorugo Contino, jusqu'au 29 juillet 2010, à l'Institut culturel italien, Alger, de 11h à 17h.