La contrefaçon n'épargne aucun segment de l'économie nationale. Au-delà du préjudice que ce phénomène porte au développement économique, la contrefaçon est devenue un véritable problème pour la santé publique. Après avoir touché les logiciels, la pièce détachée et le médicament, voilà que le champ des produits contrefaits touche à présent les produits alimentaires. En effet, certains producteurs, peu scrupuleux, n'hésitent pas à incorporer des produits chimiques nocifs aux différents aliments que nous consommons. C'est le cas, par exemple, de l'huile d'olive. C'est lors d'une conférence-débat sur la production d'olives et le marché de l'huile d'olive en Algérie, organisée par l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), dimanche dernier, que M. Rachid Bouziane, directeur de la Conserverie de la Mitidja, a dénoncé le recours de certains vendeurs à la contrefaçon, en affirmant avoir découvert lui-même sur le marché, que son propre produit, portant sa marque, a été contrefait par un revendeur qui lui avait rajouté des composants chimiques dangereux (huile de voiture) pour améliorer sa couleur. Pour lutter contre ce phénomène dangereux pour la santé publique, les conférenciers ont appelé les services publics compétents à intensifier les campagnes de sensibilisation en direction des consommateurs. Cette conférence a également été l'occasion pour les professionnels de la filière oléicole de demander au ministère des Finances une baisse des impôts et de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les produits oléicoles. Il s'agit d'une baisse de taxe à 7%, pour encourager la production et la consommation de ce produit. Pour le vice-président de l'association des conserveurs d'olives de la région de Sig dans la wilaya de Mascara, M. Abdelhakim Berrakèche, les professionnels de cette filière sont confrontés à une TVA très élevée, qui est de 17%". La demande a porté aussi sur le relèvement du taux de soutien par l'Etat à l'investissement au profit des producteurs et également créer une fédération nationale des professionnels oléicoles afin de pouvoir échanger les expériences et coordonner leurs actions entre les régions dans le but d' augmenter la production et améliorer la qualité. En outre, ils ont demandé de renforcer les laboratoires spécialisés et la direction de contrôle de la qualité pour lutter contre la contrefaçon. Il est à noter que notre pays est classé 7e producteur oléicole dans le monde, et importe une certaine quantité d'huile d'olive afin de satisfaire les besoins du marché national. D'après le ministère de l'Agriculture, la production nationale d'huile d'olive est en moyenne de 35 000 tonnes par an et 80 000 t/an d'olives de table. D'un autre côté, l'Algérie importe, 350 000 tonnes d'huile végétale autre que l'huile d'olive pour une consommation d'huile et de graisse estimée à 100 000 tonnes par an. Afin de réduire cette facture, un programme de soutien au développement de l'oléiculture et des industries oléicoles a été mis en place. Il s'agit d'un plan spécial pour le développement de l'oléiculture en intensif dans les zones steppiques, présahariennes et sahariennes pour l'année 2006/2007 qui est en cours d'application en vue d'augmenter la production et hisser les exportations. Il s'agit aussi de continuer à développer la filière oléicole dans les zones traditionnelles et intensifier sa culture dans les autres régions du pays. Il est à noter que le Programme national de développement agricole a réalisé une croissance de la production d'huile d'olive de 10% chaque année. D'autre part, le responsable de l'association de Sig a souligné que la superficie plantée est insuffisante, cette dernière ne dépassant pas les 300 000 l'hectares contre 1,7 million d'hectares chez nos voisins, Tunisiens, et 610 000 ha au Maroc. Toutefois, il est à signaler que le Programme national de développement agricole a permis d'augmenter cette superficie de 7,23% entre 2001 et 2006, en attendant la réalisation de l'objectif qui est d'atteindre 5 millions d'hectares à long terme. L'Algérie est parmi les producteurs d'huile d'olive dans la région de la Méditerranée qui représente 98% de la production mondiale, avec, une première place pour l'Espagne, suivie de l'Italie, la Grèce, le Portugal et la Tunisie.