La coalition de centre-droit de la chancelière allemande Angela Merkel est parvenue à un accord sur le plan de consolidation des finances publiques de 80 milliards d'euros sur quatre ans, déclare une source proche des négociations. Le gouvernement a approuvé le projet de budget 2011 comme prévu et il sera soumis au Parlement en novembre. Le gouvernement fédéral prévoit de ramener les dépenses à 307,4 milliards d'euros l'année prochaine, ce qui représente une baisse de 3,8% par rapport à 2010. L'annonce par l'Allemagne de sa volonté de réduire ses déficits a suscité des critiques de la part de ses partenaires européens qui estiment cette initiative prématurée et qui préféreraient voir Berlin utiliser ses marges de manoeuvre pour soutenir la reprise au sein de la zone euro. Certains membres de la coalition gouvernementale se sont émus de mesures d'économies qui risquent de pénaliser les plus défavorisés, les transferts sociaux représentant une large part des économies prévues jusqu'en 2014. Les coupes envisagées risquent d'accentuer encore l'impopularité de la chancelière dont l'autorité a été écornée la semaine dernière lorsque plusieurs membres de sa coalition ont refusé d'adouber le candidat qu'elle avait choisi pour la présidence fédérale. Au-delà des coupes budgétaires, la réduction prévue dans le budget des nouvelles émissions de dette publique à 65,2 milliards d'euros cette année et 57,5 milliards en 2011 accentuera la pression sur les partenaires de l'Allemagne pour qu'ils réduisent, eux aussi, leurs appels aux marchés. Tandis que la presse française se scandalise en apprenant qu'Angela Merkel annule à la dernière minute sa rencontre prévue avec Nicolas Sarkozy, destinée à préparer le sommet européen de Bruxelles et les réunions du G8 et du G20, la chancelière allemande présente aux Allemands son plan d'austérité. Autant dire qu'elle a d'autres chats à fouetter que de ménager les susceptibilités françaises. Résultant des négociations avec le parti de la coalition, le FDP, le compte-rendu est plutôt ambitieux, l'Etat allemand se proposant d'économiser 80 milliards d'euros jusqu'en 2014. Ce n'est pas rien. Même si l'impôt sur le revenu et sur la tva ne sera pas augmenté, source de soulagement pour de nombreux électeurs, les épargnes se feront sur le dos des "petits", notamment des nécessiteux qui perçoivent le revenu minimum d'insertion, le Hartz IV. Leurs allocations familiales et leurs cotisations retraites ne seront plus prises en charge par l'Etat. Les bénéficiaires du congé parental feront aussi les frais de la crise puisque le pourcentage retenu du salaire de référence sera revu à la baisse. Un impôt sur les combustibles sera instauré, les groupes de centrales nucléaires et les fournisseurs d'énergie peu soucieux de l'écologie comme Vattenfall mettront la main à la poche. Les passagers dont les avions décolleront d'un aéroport allemand devront payer une taxe majorée déjà prévue sur le trafic aérien. Les banques participeront également aux conséquences de la crise en payant un impôt sur les transactions contractées sur les marchés financiers, l'occasion pour elles de se montrer un peu reconnaissantes des aides que l'Etat allemand leur a octroyées. Le nombre de fonctionnaires fédéraux sera diminué ainsi que celui des soldats de l'armée. Pour des raisons de priorité, la culture sera aussi délaissée, crise oblige. La reconstruction du château de Berlin sur le terrain de l'ancien palais de la République, est repoussée à 2014. En attendant, c'était bien la peine de se dépêcher de détruire ce symbole de l'histoire de la RDA qui aurait pu être visité par tant de touristes jusque-là. Ce plan d'austérité pourrait subir quelques retouches avant d'être soumis au Bundestag, surtout qu'il fait grincer des dents les partis de l'opposition et les syndicats car cette politique dite de rigueur "épargne" les plus riches pour soi-disant relancer l'économie et continuer la création d'emploi selon le parti libéral (FDP). Des grèves et des manifestations pourraient avoir lieu dans les prochains jours.