Les prévisions de croissance des pays du Maghreb jusqu'à 2011 sont estimées à 4%, en raison de l'amélioration des infrastructures, des réductions d'impôts, des augmentations des salaires et de la croissance des revenus de l'énergie pour les pays membres de l'Opep comme l'Algérie et la Libye. Mais vu la dépendance de ces pays là à l'égard de l'Union européenne, actuellement en crise, le risque de compromettre la solide croissance enregistrée jusque-là sous le spectre de la crise financière mondiale persiste. Ainsi, les économies nord-africaines ne sont pas en mesure de créer les emplois que les gouvernements ont prévus pour faire face à une augmentation de la population en âge de travailler. Selon un article publié par le quotidien électronique Kapitalis, la reprise hésitante dans la zone euro risque de compliquer les efforts déployés par les gouvernements nord-africains pour créer davantage d'emplois dans les industries exportatrices. Le pays le plus vulnérable reste la Tunisie avec son économie ouverte, mais dépendante vis-à-vis de l'UE à près de 90% de ses revenus extérieurs (exportations, envois de fonds de l'étranger, tourisme et investissements étrangers), suivie du Maroc. Et la chute des exportations de ces deux pays risque de perdurer si la reprise de la zone euro demeure encore hésitante. Pour l'Algérie et la Libye, deux pays exportateurs d'hydrocarbures, le problème de la dépendance des exportations vis-à-vis de l'UE ne se pose pas avec la même acuité qu'avec les voisins marocains et tunisiens. Néanmoins "le chômage est également un problème en Algérie et en Libye, parce que ces deux pays ont peu d'industries destinées à l'exportation en dehors du pétrole et du gaz, leurs principales richesses", souligne-t-on. Ainsi, les quatre pays composant l'espace maghrébin ont un problème en commun : le chômage de masse. Selon les données des Nations unies, le nombre de personnes âgées de 15 à 24 ans a grimpé à 66% de la population totale en Algérie et à 46% au Maroc entre 1985 et 2005. Parmi les 12% d'Algériens en âge de travailler et officiellement considérés au chômage, 70% ont moins de 30 ans. Le taux de chômage en Tunisie est de 14% tandis qu'au Maroc 18% des nouveaux diplômés sont sans emploi. "Le Maroc et la Tunisie, qui ont les économies les plus ouvertes de la région, ont fourni beaucoup d'efforts et de moyens financiers dans des programmes d'infrastructures et de formation. Ils ont aussi œuvré à réduire les obstacles au commerce, de manière à devenir des sites industriels à faible coût et des plates-formes pour les services internationaux. Cependant, leurs économies sont essentiellement tournées vers l'Europe, où le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance de seulement 1% cette année", souligne la même source, estimant que malgré la volonté du Maroc et de la Tunisie de réduire leur dépendance vis-à-vis de l'Europe et d'améliorer leurs liaisons routières et maritimes avec le reste du monde, la création d'emplois reste le talon d'Achille des deux pays. En outre, selon la même source qui cite les analyses des économistes, l'Afrique du Nord ne dispose pas encore d'un environnement des affaires suffisamment transparent pour attirer l'investissement étranger dont la région a besoin en citant, entre autres, l'Algérie qui a opté pour la préférence nationale et le Maroc se classe 165e sur 183 pays en matière de protection des investisseurs et 176e pour la facilité des entreprises à embaucher et à licencier des travailleurs.