Retour remarqué d'un nom des planches sur l'arène artistique de chez nous. Slimane Benaissa dramaturge, acteur et auteur prolifique est revenu ce samedi à la salle Atlas avec sa pièce "Le Conseil de discipline", paraphé il y a 16 ans aux Editions Lansman. Les événements de la pièce se déroulent dans un contexte de guerre, en 1956 soit deux ans après le déclenchement de la révolution. A cette époque le débat sur la nécessité d'une lutte armée contre le colonisateur français faisait rage. En intellectuel, Slimane Benaissa a transposé ce débat sur les planches sur la base d'un prétexte : un incident entre deux élèves d'un collège amène le proviseur à réunir six professeurs pour un étrange pique-nique dans un climat tendu. Chacun défend son point de vue avec tellement d'arguments personnels et conviction que l'on doit se rendre à l'évidence : la guerre ne peut qu'éclater ! Les longues diatribes entre les uns et les autres donneront alors "Le conseil de discipline ", une pièce qui nous remet dans un contexte colonial très sombre sauf que la conscience du peuple qui veut en finir avec les colons permettait l'espoir. " Le conseil de discipline " est destiné à la télévision algérienne. Le casting du metteur en scène qui a monté cette pièce en un mois est des plus alléchants : il a fait évoluer sur scène des comédiens qui sont à peu près de la même génération et qui ont eu à endosser pareil rôles dans d'autres œuvres. Ils s'appellent Mohamed Remas, Mustapha Ayad, Djamel Bouneb, Arslan, Brahim Chergui et Slimane Benaïssa lui-même. La décor a été confié à l'artiste peintre Larbi Arezki. On y voit une imposante carcasse d'une jeep de l'armée coloniale française, sur laquelle est écrit "vive le FLN". Le propos n'est donc pas neutre. Que la volonté du peuple soit faite ! La rixe entre deux lycéens, l'un algérien (Atmourt) et l'autre français (Jacomino), oblige le proviseur, quelqu'un de modérateur de réunir six professeurs, d'origine, de confession et de tendance politique différentes. Là se mettent en place les réelles motivations des uns et des autres, les intérêts de chacun mais en " juge " le proviseur devait trancher sur une solution qui soit équitable. A travers les dialogues, le metteur en scène a voulu transcrire les tendances politiques des uns et des autres à une époque où le climat était hyper explosif. Pied noir d'origine maltaise, Sultanat, le professeur de français, un français de confession juive, sont d'ores et déjà hostiles aux arabes, aux musulmans et donc au combat légitime du peuple algérien contre la colonisation française. Ils cherchaient des raisons absurdes pour défendre Jacomino qui a blessé l'arabe Atmourt d'un coup de couteau. Algérien, prof de math Tahar campé par Slimane Benaissa et Mauzer nationalité française d'origine allemande prof de mécanique, Billard prof d'histoire géo, français communiste, tiennent quand à eux des propos objectifs tout en dénonçant le colonialisme et sa machine infernale qui assassinait et opprimait un peuple chez lui. Les débats sont houleux, l'épilogue tarde à venir. Mais au bout de plus d'une heure de dialogue, le metteur en scène conclut à travers les interventions des uns et des autres que la solution juste serait de mener en toute légitimité une guerre contre les colons afin de défendre sa patrie. En filigrane se dégageait toutes les souffrances et les privations d'un peuple qu'une domination à réduit à l'état inhumain. Le peuple n'est pas resté passif, avec sa conscience et sa bravoure, il était prêt aux sacrifices. Sacrifices qui dénotent bien entendu d'une volonté farouche de tout un peuple d'en finir avec l'innommable oppression. Voilà donc " Le conseil de discipline", une œuvre sur la guerre qu'on ressert au public au moment où le président de la République encourage toutes les créations artistiques qui concernent l'Histoire.