L'Union européenne espère que la Russie élargira à moyen terme sa part sur le marché gazier européen de 25% à 30-35%, a annoncé le commissaire européen pour l'énergie Günther Oettinger dans une interview au journal russe "Kommersant" parue vendredi. "Aujourd'hui, la Russie fournit un quart des besoins en gaz de l'UE. Nous prévoyons de réduire prochainement notre propre production. Je suis sûr que la part du gaz russe peut se chiffrer à 30% voire 35% dans une perspective à moyen terme. Ceci nécessite la création d'une infrastructure fiable", a indiqué M.Oettinger. "Les gazoducs Nord Stream, en chantier, et South Stream, qui est à l'étude, pourraient jouer un rôle complémentaire, tandis que les pipelines ukrainiens et biélorusses resteront prépondérants au cours des prochaines décennies", a poursuivi M.Oettinger. Selon lui, le projet South Stream "ne convient pas pour le gaz en provenance de la région Caspienne" aux yeux de l'UE. "Nous sommes intéressés par un contact direct entre cette région et l'Europe", a indiqué le commissaire, avant d'ajouter que le projet Nabucco était toujours préféré par l'Union européenne. Il faut rappeler dans ce sens que Günther Oettinger a estimé mercredi au terme d'un entretien avec le premier ministre ukrainien Nikolaï Azarov que les livraisons du gaz russe via l'Ukraine restent un moyen plus fiable et plus rentable que le gazoduc en gestation South Stream d'acheminer le combustible bleu vers l'Europe. "C'est la meilleure des voies, car il s'agit d'un axe d'acheminement direct qui permet la plus grande fiabilité technique ainsi que la plus grande sécurité. Aussi dialoguons-nous actuellement pour déterminer comment investir au mieux dans le réseau de transport ukrainien, et comment ces investissements deviendront à l'avenir le meilleur projet, meilleur que le projet South Stream", a indiqué le commissaire. Le chef du gouvernement ukrainien a déclaré à son tour que l'Ukraine était intéressée par la modernisation de son système de transports, et était prête à y investir ses propres moyens. "Toutefois, nous devons avoir des garanties sur l'achat par l'UE de quantités fixes de gaz russe transitant par l'Ukraine, ainsi que sur l'accord de la Russie concernant la vente de ces volumes. A condition qu'il y ait un vendeur et un acheteur, les investissements dans la modernisation deviennent raisonnables", a ajouté le premier ministre. L'Ukraine, par laquelle transite 80% de gaz russe destiné à l'Europe, s'efforce de dissuader la Russie de construire le gazoduc South Stream qui contournera le territoire ukrainien. Récemment, Kiev a proposé à Bruxelles et à Moscou de construire un nouveau gazoduc sur le territoire ukrainien dont la puissance serait comparable à celle de South Stream. Pour sa part, le géant gazier russe Gazprom a déclaré qu'il ne considère pas le gazoduc Nabucco comme un projet rival et n'a pas l'intention de le discréditer. Le vice-président du géant gazier russe Alexandre Medvedev a déclaré "nous n'avons aucune intention de dénigrer Nabucco, car nous ne le considérons pas comme un projet concurrent". "Si les participants au projet parviennent à se procurer du gaz, à former une bonne équipe de pilotage et à trouver des partenaires, ce sera bien. Tout cela, South Stream le possède déjà", a affirmé le responsable de Gazprom. D'une capacité de 31 milliards de m3 de gaz par an, le projet Nabucco est destiné à acheminer du gaz naturel vers l'Europe en contournant la Russie. La conduite traversera l'Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie, la Bulgarie, la Hongrie et la Roumanie pour aboutir en Autriche. Le coût du projet est évalué à 7,9 milliards de dollars.