La commission européenne a annoncé jeudi qu'elle débloquait 200 millions d'euros pour la construction du gazoduc Nabucco. "Nous lançons un signal clair aux industriels ", a expliqué Günther Oettinger, le nouveau commissaire à l'Énergie."Nous attendons désormais un engagement crédible des entreprises pour participer au projet" en vue d'une décision d'investissement en 2010 et d'un premier coup de pioche en 2011 . Ce futur gazoduc de 3 300 km et d'un coût d'environ 20 milliards d'euros, qui peine à se concrétiser, est destiné à affranchir l'Europe de sa dépendance à l'égard de la Russie. Ses promoteurs comptent sur le gaz de l'Azerbaïdjan, du Turkménistan, voire du Moyen-Orient, pour l'alimenter, mais aucun fournisseur n'est encore acquis. Nabucco réunit dans son tour de table l'allemand RWE et des groupes autrichien, bulgare, hongrois, roumain et turc. Les grands énergéticiens tels EDF, GDF Suez, l'allemand E.ON, le hollandais Gasunie et l'italien ENI soutiennent pour leur part les futurs gazoducs du russe Gazprom, North Stream et South Stream. En début de semaine, Günther Oettinger avait surpris en annonçant que la Commission était prête à soutenir, sous certaines conditions, le projet South Stream de Gazprom, considéré par beaucoup d'experts comme concurrent de Nabucco l'européen. Interrogé jeudi à ce sujet, l'Allemand Oettinger a répondu que "South Stream et Nabucco sont complémentaires" et concourront à renforcer la sécurité énergétique de l'Europe. Ce coup d'accélérateur au projet Nabucco était annoncé par le commissaire Oettinger dans le cadre du "second lot" de financements communautaires dans le domaine de l'énergie. Cette enveloppe de 2,3 milliards d'euros, élément du plan de relance économique européen, va cofinancer quarante-trois projets transfrontaliers, gazoducs et réseaux électriques. Une première enveloppe de 1,5 milliard avait été distribuée en décembre pour l'énergie éolienne et le stockage de carbone. Parmi les quarante-trois projets éligibles figure le Galsi (dotation de 120 millions d'euros), qui doit relier l'Algérie à l'Italie avec un embranchement vers la Corse. Il faut dire néanmoins que l'Azerbaïdjan a infligé une sévère déconvenue aux promoteurs de Nabucco en décidant début juillet d'accorder à Gazprom un accès prioritaire au plus grand gisement du pays, Shah Deniz (500 millions de mètres cubes par an à partir de 2010). Le président de la compagnie pétrolière d'État azerbaïdjanaise Socar, s'est employé à rassurer ses interlocuteurs européens en affirmant le 10 juillet que son pays continuerait d'approvisionner Nabucco à hauteur des volumes promis, soit 4 milliards de mètres cubes par an. Le même jour, un autre pays producteur de la mer Caspienne, le Turkménistan, a confirmé sa participation au gazoduc. Bruxelles espère décrocher la même promesse du Kazakhstan et de l'Ouzbékistan, lorgnant à plus long terme sur les réserves en gaz d'Égypte, d'Irak et d'Iran.