C'est un gigantesque accélérateur de particules de 27 km de long, enfoui à 100 mètres sous le sol. C'est une première mondiale qui a été réalisée, il y a quelques jours, avec la mise en route du grand collisionneur de hadrons (LHC) à la frontière entre la France et la Suisse sous l'égide du Conseil européen pour la recherche nucléaire (Cern). Avec cet appareil, il sera possible de recréer les premiers instants de la naissance de l'univers. En d'autres termes, c'est une machine qui remonte le temps, un vieux rêve du physicien, Albert Einstein En effet, ce gigantesque accélérateur de particules de 27 km de long, enfoui à 100 mètres du sol, vise à recréer dans les semaines à venir, les conditions d'énergie intense des premiers instants de l'univers, juste après le Big Bang, avant la formation des atomes, il y a 13,7 milliards d'années. Ces conditions seraient obtenues en faisant se percuter des protons à très haute vitesse, proche de celle de la lumière, guidés par des aimants supraconducteurs refroidis à moins 271 degrés centigrades, soit près du zéro absolu. De ce choc pourrait naître une énergie 100.000 fois supérieure à celle du coeur du soleil. Par ailleurs, à travers cette opération, les scientifiques cherchent à identifier et à isoler des particules «supersymétriques» qui composeraient la matière noire, encore mal connue à l'heure actuelle et qui composerait 23% de l'univers, contre 4% pour la matière ordinaire. Les 73% restant représentant l'énergie noire à l'origine de l'expansion de l'univers. Daniel Denegri, physicien travaillant sur ce projet, a indiqué à ce sujet que le principal objectif de cette opération est «l'acquisition de la compréhension sur le comportement de la matière la plus fondamentale». Il a aussi expliqué que le LHC doit fracasser des protons circulant en sens inverse, ce qui permettra de recréer durant une fraction de microseconde, les conditions qui prévalaient dans l'Univers juste après le Big Bang, avant que les particules élémentaires s'associent pour former les noyaux d'atomes. L'«antimatière» est une autre partie de ces recherches, elle aussi mal connue et qui aurait quasiment disparu sauf, peut-être, dans les «trous noirs». Toutefois, certains scientifiques ont émis certaines craintes quant aux collisions des protons qui pourraient également créer des mini trous noirs, lesquels absorberont toute la matière autour d'eux, provoquant ainsi la perte du monde. D'autres scientifiques étaient divisés, quant à eux, sur la capacité de cette dernière à trouver le «boson de Higgs» ou encore appelée particule de Higgs, la particule qui donne la masse à toutes les autres particules et donc, à l'origine de l'Univers. Stephen Hawking, professeur à l'université de Cambridge est l'un d'entre eux. Cet éminent physicien, spécialiste des trous noirs, auteur d'«Une brève histoire du temps», un des plus grands succès de la littérature scientifique, a estimé, mercredi à Londres, que le LHC mis en oeuvre sur la frontière franco-suisse «ne trouverait pas le boson de Higgs». Selon lui, cet accélérateur «va quadrupler l'énergie avec laquelle nous pouvons étudier les interactions de particules». Il a aussi estimé qu'«il serait beaucoup plus intéressant si nous ne trouvons pas Higgs. Cela montrerait que quelque chose ne va pas et qu'il faut revoir notre réflexion». Ces tests ont débuté mercredi, où un premier faisceau de protons, des particules composites de la famille des hadrons, a été injecté dans l'accélérateur et s'étalera sur des semaines, voire des mois.Les début de ce projet dont les coûts sont de 3.76 milliards d'euros remontent aux années 1983. Ce n'est qu'en 1996 que les travaux ont débuté pour s'achever avec deux années de retard, avec la mise en route du collisionneur.