L'ancien bras droit du présidentirakienSaddam Hussein, Tarek Aziz, accuse Barack Obama d'abandonner l'Irak en retirant les troupes américaines dans un entretien publié jeudi sur le site internet du Guardian. Tarek Aziz, apparu au tout premier plan lors de l'invasion du Koweït, en 1990, et visage du régime irakien par la suite en tant que chef de la diplomatie, estime que le départ des troupes de combat américaines va conduire l'Irak à sa perte. The Guardian dit avoir rencontré Tarek Aziz dans sa cellule de Bagdad, où il purge une peine de 15 années de prison pour son implication dans le meurtre de dizaines de commerçants en 1992 et une autre de sept ans pour la déportation forcée de Kurdes dans le nord de l'Irak. Il s'agit de la première interview à la presse de l'ancien vice-Premier ministre irakien depuis qu'il s'est rendu aux forces américaines en avril 2003. "Quand (Obama) a été élu président, j'ai trouvé cela encourageant, parce que je pensais qu'il allait corriger certaines des erreurs de (George) Bush", dit Aziz dans cet entretien publié sur le site internet du quotidien. "Mais Obama est un hypocrite. Il abandonne l'Irak à son sort", ajoute-t-il. "Nous sommes tous victimes des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Ils ont tué notre pays de plusieurs façons. Quand on fait une erreur il faut corriger cette erreur, pas abandonner l'Irak à sa mort." Barack Obama s'est engagé cette semaine à s'en tenir au calendrier de retrait qui prévoit l'arrêt des opérations de combat en Irak d'ici la fin du mois, malgré la vacance du pouvoir à Bagdad et un regain récent de violences. L'Irak n'a toujours pas de gouvernement, presque cinq mois jour pour jour, après les législatives du 7 mars dernier qui n'ont pas désigné de majorité claire. Pour Aziz, figure la plus connue du régime de Saddam Hussein après l'ancien "raïs", le pays est dans un plus mauvais état qu'avant la guerre. "Pendant 30 ans, Saddam a construit l'Irak et maintenant, il est détruit (...) Des gens sont tués par dizaines chaque jour, si ce n'est par centaines", affirme-t-il. Notons que les membres du Conseil de sécurité ont adopté jeudi à l'unanimité une résolution qui proroge d'un an le mandat de la Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Irak (MANUI), c'est-à-dire jusqu'au 31 juillet 2011. Dans leur résolution, les membres du Conseil appellent "les dirigeants Irakiens à former le plus vite possible, à travers un processus politique ouvert et conformément à la Constitution Irakienne, un gouvernement qui incarne la volonté et la souveraineté du peuple Irakien et l'espoir qu'il nourrit d'un Irak fort, indépendant, unifié et démocratique". Les 15 Etats membres du Conseil de sécurité encouragent le gouvernement Irakien "à continuer d'affermir la démocratie et l'état de droit, de renforcer la sécurité et l'ordre public et de combattre le terrorisme et les violences sectaires dans tout le pays". Le Conseil de sécurité a exprimé son intention de revoir le mandat de la MANUI "dans 12 mois ou plus tôt, si le gouvernement Irakien le demande". Dans son dernier rapport sur l'Irak, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, regrette les "retards constants" qui contribuent "à faire naître une incertitude croissante dans le pays". "Non seulement ils risquent de saper la confiance dans le processus politique, mais des éléments opposés à la transition démocratique pourraient exploiter cette situation", a-t-il indiqué, rappelant notamment la recrudescence des attaques contre de nouveaux parlementaires ces derniers mois.