L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture va probablement réduire sa prévision de récolte mondiale de blé pour 2010 en raison de la canicule qui sévit en Russie, a déclaré vendredi un de ses économistes. "La production (mondiale de blé) sera peut-être inférieure de cinq à sept millions de tonnes (par rapport à la précédente estimation)", a déclaré Abdolreza Abbassian lors d'un entretien téléphonique accordé à Reuters. Au début du mois, la FAO avait déjà abaissé de 25 millions de tonnes sa précédente estimation pour la porter à 651 millions. La nouvelle estimation devrait être annoncée fin août ou début septembre. Abdolreza Abbassian a déclaré qu'il s'attendait à observer une hausse des cours et de la volatilité sur le marché du blé et que cette tendance devrait se propager aux autres matières premières agricoles. Il a toutefois souligné que la situation est loin d'être comparable à celle des années 2007-2008 qui s'était traduite par des émeutes de la faim dans certains pays en développpement et par une frénésie d'achats dans les nations industrialisées. "Nous continuons de penser que la situation n'est pas aussi alarmante. Elle est tendue mais pas alarmante", a-t-il déclaré. Notons que le prix du blé s'est envolé de 70 % depuis juin. De quoi inquiéter l'ensemble de la filière agroalimentaire. Avant une flambée des prix en bout de course ? On l'avait déjà vue en 2007, on la revoit aujourd'hui. Le blé est devenu une arme spéculative efficace. À 140 euros la tonne en juillet, il est passé au-delà des 200 euros en août. La sécheresse en Russie, l'annonce des restrictions d'exportations de l'Ukraine et les déboires au Canada n'expliquent pas tout. Car nous sommes loin d'une pénurie. Les prix du blé, retombés de leur sommet de début août, ont connu une nouvelle semaine agitée sur le marché à terme de Chicago, alors que la sécheresse se poursuit en Russie, poussant le gouvernement américain à réduire sa prévision de récolte mondiale. Vers 15H15 GMT (17H15 HEC) vendredi, le contrat de blé pour livraison en décembre s'échangeait à 7,48 dollars le boisseau (environ 25 kg), contre 7,5525 dollars sept jours plus tôt. Il était monté le 6 août jusque 8,68 dollars en séance, son plus haut niveau depuis l'été 2008, au lendemain de l'annonce par la Russie d'un embargo sur ses exportations. Il s'est ensuite fortement replié, alignant quatre séances de baisse, avant de repartir à la hausse en réaction à la publication du rapport mensuel du département américain de l'Agriculture (USDA) sur l'offre et la demande mondiale. Le ministère a revu nettement en baisse son estimation de production au niveau mondial pour le blé. Il l'évalue à 645,73 millions de tonnes de blé pour la campagne actuelle, contre une précédente estimation de 661,07 millions de tonnes et après deux années de production record, à plus de 680 millions de tonnes. "C'est une révision plus marquée que le marché anticipait", ont relevé les analystes de Barclays Capital. "Nous nous attendons à voir les prix des céréales monter à court terme, galvanisés par la chute de l'offre, une plus forte demande pour le maïs en substitution du blé, des conditions météorologiques défavorables et la possibilité de voir de nouvelles interventions gouvernementales" pour contrôler les exportations, ont-ils ajouté. Cette révision à la baisse est le résultat principalement des récoltes dans l'Union européenne et surtout dans les pays de l'Est de l'Europe, tous affectés par des conditions climatiques défavorables (sécheresse ou excès de pluies). La moisson de la Russie, frappée depuis plus d'un mois par une dramatique sécheresse, est désormais estimée pour le blé à 45 millions de tonnes, soit huit millions de moins que prévu le mois dernier. Selon le président russe Dmitri Medvedev, près d'un quart des cultures de céréales ont été perdues cette année dans le pays. Conséquence immédiate pour les marchés agricoles américains, les exportations de blé des Etats-Unis ont augmenté de presque 60% la semaine dernière par rapport à la semaine précédente.