Les prix du pétrole continuaient de baisser hier à l'ouverture des échanges à New York, dans un marché toujours dominé par le pessimisme, avant la publication des statistiques hebdomadaires sur les réserves pétrolières américaines. Vers 13H15 GMT/15h15 HEC, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en octobre s'échangeait à 71,50 dollars, en baisse de 13 cents par rapport à la veille. Les cours avaient aligné mardi leur cinquième journée de baisse d'affilée, tombant à leurs plus bas niveau depuis début juin. Ils pâtissaient mercredi de l'annonce d'un rebond bien plus faible que prévu des commandes de biens durables aux Etats-Unis en juillet (+0,3%). Si en outre on exclut le secteur des transports, l'indicateur a baissé fortement, de 3,8%, par rapport au mois précédent. Ces chiffres "confirment l'idée d'un ralentissement de l'activité, qui domine les échanges cette semaine", a expliqué Phil Flynn, de PFG Best Research. "Le marché ignore les dépressions tropicales dans l'Atlantique (susceptibles de perturber la production, NDLR), ignore l'explosion d'un gazoduc entre l'Iran et la Turquie", a-t-il ajouté. "On met de côté ces facteurs qui d'habitude soutiennent le marché, et on se concentre sur la dégradation des perspectives économiques, et ce n'est pas bon pour le pétrole". Autre mauvaise nouvelle, en Europe, l'agence d'évaluation financière Standard and Poor's a abaissé d'un cran la note de dette de l'Irlande, invoquant la hausse pour l'Etat du coût du soutien au système financier. "Décennie perdue" à la japonaise ou récession en double creux à l'échelle mondiale : "les marchés considéraient ces deux scénarios comme possibles, et se sont rués mardi sur les valeurs refuges, obligations d'Etat, yen et franc suisse, délaissant les marchés boursiers et le pétrole", observait David Hufton, analyste de PVM. L'effondrement en juillet des ventes de logements anciens aux Etats-Unis, à leur plus bas niveau depuis 1995, "a généré une nouvel accès de perte de confiance dans un marché déjà très nerveux", et les commentaires de membres de la banque centrale américaine "ont jeté de l'huile sur le feu" poursuivait-il. Selon le Wall Street Journal, une forte minorité au sein du comité de politique monétaire de la réserve fédérale américaine (Fed) n'est en effet pas satisfaite de la décision de réactiver un dispositif de soutien à l'économie. Les prix pouvaient cependant trouver quelque soutien dans une vague d'achats à bon compte et dans un relatif affaiblissement du dollar face à l'euro, après une nette progression du baromètre IFO, indicateur de confiance des milieux d'affaires allemands. Une dépréciation de la monnaie américaine rend plus attractifs les achats de matières premières libellées en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises. Par ailleurs, alors que les opérateurs sont affolés par le niveau historiquement élevé des réserves pétrolières aux Etats-Unis, les estimations publiées mardi soir par l'association professionnelle American Petroleum Institute offraient un tableau contrasté. Donnant une première indication avant l'annonce des chiffres officiels du Département de l'Energie (DoE) mercredi, l'API faisait état sur la semaine passée d'un fort recul de 1,85 million de barils des stocks de brut, mais d'un bond de 1,9 million de barils des produits distillés, et 692.000 barils des stocks d'essence. Selon les analystes interrogés par Dow Jones Newswires, le rapport du DoE devrait quant à lui faire état d'un recul très limité de 200.000 barils des réserves de brut lors de la semaine achevée le 20 août. Les stocks d'essence auraient, selon ces analystes, baissé de 500.000 barils et les distillats (diesel et fioul de chauffage) auraient pour leur part progressé de 900.000 barils. Cependant, alors que les indicateurs macroéconomiques tendent à prendre le pas sur les fondamentaux de l'offre et de la demande, "le scepticisme sur une reprise des prix du baril reflète probablement le sentiment général du marché plutôt qu'une vision spécifique au pétrole. Et ce sentiment est à la prudence et à l'aversion pour le risque", avertissait David Hufton.