Lors d'une intervention à l'APN, au cours d'une séance de réponses aux questions des députés, le ministre de la Justice, et garde des Sceaux, M. Tayeb Belaïz, a annoncé que le taux de criminalité en Algérie a baissé de 31,74% entre 2006 et 2009, tandis que les crimes économiques ont, quant à eux, augmenté de 19,9 %, entre 2006 et 2010. Même les crimes liés à la circulation routière ont augmenté de 19,9%. M. Belaïz a indiqué, dans ce sens, que l'entrée en vigueur du nouveau code de la route ainsi que la mise en œuvre de mesures strictes concernant la concurrence et le marché parallèle ont entraîné une hausse des crimes liés à ces domaines. En août dernier, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) avait annoncé que durant le premier semestre de l'année en cours, 3 788 personnes ont été arrêtées et traduites en justice pour crimes et délits économiques. Il s'agit principalement d'affaires de détournement de biens de l'Etat, corruption, dilapidation de biens publics et fabrication de fausse monnaie. L'Algérie a lancé ces dernières années d'importants programmes d'investissements publics dont le montant cumulé avoisine les 450 milliards de dollars. De quoi aiguiser les appétits. Devant les députés, Tayeb Belaïz a annoncé un renforcement des prérogatives de la police judiciaire. " Après avoir élaboré un programme pour les juges et pour les magistrats instructeurs, nous voulons former une police judiciaire professionnelle et spécialisée dans la lutte contre toutes les formes de crime économique. Nous voulons avoir des brigades économique de haut niveau à même de pousser loin les investigations ", a-t-il précisé. M. Belaïz a reconnu que l'Algérie connaît un déficit de 3000 en magistrats. " Nous formons actuellement presque 300 juges par an. Nous allons bientôt en former 400 pour tenter de réduire ce déficit. En tout, le pays a besoin d'au moins 7000 magistrats ", a-t-il dit. Le ministre de la Justice a présenté, entre autres, le projet de loi portant création d'un Office central de répression de la corruption chargé de la recherche et des investigations, au conseil des ministres. Le projet sera présenté à l'APN Mardi. Cet office, il faut préciser, sera différent de l'institution nationale de lutte contre la corruption qui a été créée en 2006, mais qui n'a pas encore été installée. L'Office "relève de la police judiciaire. Les officiers de police judiciaire relevant de l'office auront des missions définies, conformément aux dispositions du code de procédures pénales, s'étendant à l'ensemble du territoire national", a-t-il souligné. Par ailleurs, le ministre a affirmé que depuis l'adoption de la loi sur la réforme pénitentiaire et la réinsertion sociale des prisonniers, en 2005, "les efforts se sont concentrés sur le redressement et la formation, un intérêt particulier ayant été accordé à l'alphabétisation et à l'enseignement, tous cycles confondus, ainsi qu'à la formation au sein des établissements pénitentiaires". Il a rappelé que le nombre de prisonniers intéressés par la formation et l'enseignement augmente chaque année passant de 1182 en 2000, à 23 716 en 2010, notant que 91 986 ont été inscrits à l'enseignement durant la dernière décennie. 779 prisonniers ont bénéficié d'une formation professionnelle en 2000, passant à 26 547 en 2010, a indiqué le ministre qui précise que le nombre d'inscrits à la formation professionnelle durant cette dernière décennie a atteint 87 417 prisonniers dans 84 spécialités. S'agissant des diplômes d'enseignement, M. Belaïz a souligné que le nombre de prisonniers ayant obtenu le brevet d'enseignement moyen était de 4 en 2000, avant d'atteindre 1859 en 2010. Pour ce qui est du Baccalauréat, 13 prisonniers ont décroché ce diplôme en 2000 et 517 en 2010. Le ministre a également évoqué la période post carcérale, affirmant que des structures ont été mises en place à cet effet pour faciliter l'emploi de 3 646 détenus sortis de prison au sein des différentes institutions publiques. Il a rappelé que 12 649 détenus ont bénéficié d'une liberté conditionnelle ou partielle depuis l'entrée en vigueur de la loi de 2006, ajoutant que 320 détenus jugés poursuivent actuellement des études universitaires. Selon lui, aucun cas de récidive n'a été enregistré jusque-là parmi les détenus libérés ayant obtenu leurs diplômes en prison.