La sécurité. Voilà l'un des principaux enjeux des élections législatives prévues demain en Afghanistan. La question n'est pas de savoir lesquels des 2.500 candidats accéderont à l'un des 249 sièges. Il s'agit plutôt de voir si les forces de sécurité afghanes et les troupes étrangères parviendront à empêcher la violence d'être le grand vainqueur, et donc à déjouer les attaques promises par les insurgés talibans. Des menaces prises très au sérieux par une partie de la population. Ainsi un habitant de la province de Khost affirme qu'il n'ira pas voter. "Je ne suis pas assez fou pour risquer ma vie", dit-il. D'autres, à l'image de Sharifuddin, font davantage confiance aux autorités. "Nous irons voter sans peur, nous n'avons peur de personne", lance-t-il. Les talibans semblent pourtant avoir commencé à mettre leurs menaces à exécution. La nuit dernière, 19 personnes - parmi lesquelles un candidat ainsi que des personnes travaillant à l'organisation du scrutin - ont été enlevées dans le nord-ouest du pays. Dans ce sens, le président afghan Hamid Karzaï a exhorté hier ses compatriotes à se rendre aux urnes samedi pour les élections législatives, et à ignorer les menaces des talibans, qui ont appelé la population à ne pas sortir de chez elle. Alors que la peur est à son comble de voir le scrutin ensanglanté, de nombreux barrages de police supplémentaires ont été dressés vendredi. "L'élection de demain est très importante", a lancé Hamid Karzaï. "J'espère que tous nos concitoyens, dans tous les coins du pays et dans chaque village, se rendront aux urnes et voteront pour le candidat de leur choix". Environ 2.500 candidats sont en lice pour les 249 sièges répartis entre les 34 provinces du pays au prorata de leur population. Quel que soit le résultat du vote, le parlement élu, dont les pouvoirs sont relativement restreints, la politique du gouvernement Karzaï n'en sera guère modifiée. Mais le scrutin est un test de la force de l'insurrection, et de la capacité du régime de Kaboul, soutenu par l'OTAN, à en assurer la sécurité dans des régions en proie à la violence. Si les talibans soutiennent discrètement des candidats dans plusieurs provinces, ils ont également multiplié ces derniers temps les menaces, tentant de perturber un scrutin dont ils réfutent la légitimité. "Ces talibans, qui sont des fils de l'Afghanistan, sont musulmans. Ils devraient servir leur pays et participer, bâtir leur pays, bâtir la stabilité", a ajouté le président Karzaï, quand on lui a demandé quel message il souhaitait adresser aux talibans. Mais, vu le contexte, les exigences des observateurs en matière de respect des normes électorales ont été revues à la baisse. "C'est probablement l'un des pires endroits de la planète et l'un des pires moments pour tenir une élection. Nous devons mettre les choses en perspective", a expliqué Staffan de Mistura, haut représentant des Nations unies pour l'Afghanistan.