Le projet de construction d'une usine d'aluminium à Béni Saf est en phase d'être relancé, à en croire les dernières déclarations du ministre de l'Energie et des Mines. En effet, M. Youcef Yousfi a indiqué, hier, à Montréal, que le gouvernement algérien autorisera le développement du projet d'aluminium de Béni Saf, développé dans le cadre d'une joint-venture entre Sonatrach et le consortium émirati Dubal-Moubadala, s'il est "viable et intéressant". Détenu à hauteur de 70% par le consortium émirati et 30% par Sonatrach, le projet de l'usine de Béni Saf a été gelé dans le cadre d'une démarche gouvernementale pour la réévaluation des projets de la pétrochimie et qui a concerné d'autres projets également. Aussi, la condition phare exigée par la partie algérienne pour la mise en oeuvre de ce projet c'est de revoir à la hausse le prix du gaz entrant dans cette production, a expliqué à l'APS une source proche du dossier. Selon elle, le contrat de vente du gaz a été établi sur la base d'un tarif correspondant au prix local de cette énergie, alors que le produit de cette usine est destiné à l'exportation. "Il est inconcevable de subventionner un produit destiné à l'exportation", a-t-on encore expliqué. En effet, le président de la République avait demandé dernièrement une réévaluation des projets de l'industrie pétrochimique, en tenant compte de leur capacité à générer une industrie en aval. Néanmoins, les Emiratis ont fait montre d'une certaine ténacité et ont affiché leur vif intérêt pour le marché algérien après une période caractérisée par la crise qui a vivement secoué les entreprises de ce pays. C'est ainsi qu'au début de l'année 2010 une délégation émiratie a séjourné à Alger pour prospecter les opportunités d'investissements en Algérie, et relancer dans la même optique les projets gelés. Le contexte semble donc favorable à une relance du projet de Béni Saf. Ainsi, le ministre de l'Energie et des Mines a évoqué cette possibilité. "La démarche que nous préconisons pour ces projets est celle-ci : s'ils sont viables et s'ils sont intéressants pour nous, nous allons (les développer), s'ils ne le sont pas nous n'allons pas le faire", a déclaré le ministre lors de la rencontre organisée par l'alliance des hommes d'affaires algéro-canadienne. Le ministre s'exprimait, dans ce contexte, également, sur les autres projets de la pétrochimie gelés. "Nous sommes en train d'étudier ce projet. Nous avons des idées très claires sur ce que nous voulons et nous demandons à nos partenaires s'ils vont suivre la démarche que nous préconisons pour ce projet", a ajouté M. Yousfi, mais sans communiquer de détails sur cette démarche. "Le gouvernement suit avec une très grande attention ces projets malheureusement pour le moment ce n'est pas satisfaisant", a poursuivi le ministre, qui a indiqué que les négociations se poursuivent sur la mise en œuvre de ce grand projet qui devrait produire plus de 700.000 tonnes d'aluminium par an. D'un coût d'investissement de 7 milliards de dollars, cette aluminerie sera implantée dans la future zone industrielle de Béni Saf et aura une capacité de production de 700.000 t/an. Il faut savoir que ces projets s'inscrivent dans le cadre de l'ambitieux programme pétrochimique de Sonatrach. Le secteur de la pétrochimie représente un important débouché pour l'économie nationale. Selon des experts, l'Algérie pourrait exporter pour un montant de 5 milliards de dollars dans cinq ans si elle développe immédiatement son industrie pétrochimique. Un fait dont sont conscients les pouvoirs publics qui, pour les cinq années à venir, envisagent d'injecter plus de 40 milliards de dollars dans des projets de grande envergure.