Le taux de participation aux élections législatives en Afghanistan a été estimé à 32% de votants à la mi-journée, a annoncé samedi le chef de la Commission électorale indépendante après la clôture du scrutin. Les résultats définitifs officiels ne sont pas attendus avant le 31 octobre. Lors de la présidentielle d'août 2009, entachée de fraudes massives notamment au profit de M. Karzaï, le taux de participation à la fin de la journée était un peu supérieur à 30%. Peu après la clôture des bureau de vote, le chef de la mission de l'ONU en Afghanistan, Staffan de Mistura, a estimé il fallait tirer un "bilan mitigé" des élections législatives et que la sécurité n'avait pas été "bonne". Ces élections ont, en effet, été émaillées d'attaques sporadiques, les talibans ayant juré de perturber un scrutin dont seuls le taux de participation et l'ampleur des fraudes permettront de dire s'il a été ou non un succès. Une série d'attaques a fait au moins dix morts samedi en Afghanistan pendant le déroulement des élections législatives que les taliban ont juré de perturber et qui constituent un test de crédibilité pour le gouvernement et les forces de sécurité. Les électeurs semblaient hésiter à se rendre dans les bureaux de vote après des tirs de roquettes dans plusieurs villes de province et à Kaboul. La roquette tirée par les insurgés dans la capitale a atterri près de l'ambassade des Etats-Unis et du quartier général de l'Isaf, dans le centre, trois heures avant l'ouverture du scrutin à 7h00 (02h30 GMT). Le plus grave incident a été signalé par la police dans la province de Baghlan, dans le nord du pays, où un soldat et six miliciens progouvernementaux ont péri dans une attaque menée par les taliban près d'un bureau de vote. Un scrutin entaché par un bain de sang serait un revers majeur pour les autorités. Washington surveille étroitement ce scrutin; le président Barack Obama prépare pour décembre un réexamen stratégique de la présence américaine dans le pays. Les élections de samedi, placées sous la surveillance de 300.000 soldats et policiers, rappellent pour le moment l'élection présidentielle d'août 2009, marquée par une série d'incidents qui n'avaient cependant pas suffi à remettre en cause le scrutin. Lors d'une conférence de presse, le président de la commission électorale indépendante (CEI) a déclaré que 8% des 5.816 bureaux de vote n'avaient pas ouvert ou n'avaient pas pris contact avec la commission, principalement en raison de craintes liées à l'insécurité. Avant même le début du scrutin, la CEI avait déjà décidé de fermer 1.019 autres bureaux de vote. Les attaques et les fermetures de bureaux de vote pourraient déboucher sur un faible taux de participation susceptible d'affecter le résultat des élections ainsi que leur crédibilité. "Comme dans chaque élection, nous espérons bien qu'il y aura un fort taux de participation et que personne ne sera intimidé par les incidents", a déclaré le président Hamid Karzaï après avoir voté dans un lycée proche du palais présidentiel. Des tirs de roquettes dans la province septentrionale de Takhar et orientale de Kunar ont fait trois morts et neuf blessés, selon les autorités. Deux observateurs électoraux ont été blessés par une explosion dans un bureau de vote de la province de Khost (est), un bastion des taliban proche de la frontière avec le Pakistan, a déclaré le chef de la police locale. Des attaques contre des bureaux de vote ou des bâtiments gouvernementaux ont été signalées à Badakhshan et Kunduz dans le Nord, Jalalabad et Khost dans l'Est et Herat dans l'Ouest. "Les gens restent chez eux en attendant de juger la situation. Ils sortiront plus tard pour voter", a déclaré le gouverneur de la province de Kunduz (nord). Les taliban ont exhorté les Afghans à ne pas participer au scrutin et menacé de couper les doigts marqués à l'encre indélébile des électeurs ayant voté. "Je ne veux pas sortir à cause des intimidations. Je ne veux pas risquer ma vie, juste pour un candidat", a déclaré un habitant de Logar, au sud de Kaboul, où quatre bureaux ont dû être fermés après avoir été la cible des taliban. D'autres électeurs ont bravé la menace des taliban. "C'est pour l'avenir de l'Afghanistan", a déclaré un étudiant, Sohail Bayat, après avoir voté à Kaboul. "Les gens ne veulent pas voir revenir les taliban." Avec l'insécurité, la corruption et la fraude constituent d'autres sources de préoccupation majeures pour ce scrutin, un an après une élection présidentielle entachée de graves irrégularités. Un tiers des bulletins en faveur du président Karzaï s'étaient révélés faux, selon la Commission des plaintes électorales (ECC), appuyée par l'Onu. Dans les jours précédant le scrutin, les autorités électorales ont annoncé la découverte de milliers de fausses cartes d'électeurs et s'attendent au dépôt de milliers de plaintes, même si la CEI dit avoir mis en place des mesures qui empêcheront toute fraude massive. Au total, 2.447 candidats, dont 386 femmes, sont en lice pour les 249 sièges de la "wolesi jirga", chambre basse du parlement. Les bureaux de vote doivent fermer à 16h00 (11h30 GMT). Les résultats préliminaires ne sont pas attendus avant le 8 octobre, les résultats définitifs pas avant le 30 octobre.