Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert International professeur d'Université en management stratégique (Algérie) Ainsi, le taux de chômage mondial a atteint 6,6 % en 2009, en hausse de 0,9 point de pourcentage par rapport à 2007. Cependant, il diffère considérablement selon les régions. Contre fin 2007 de 5,7%, le taux de chômage moyen dans la zone OCDE est à son "plus haut niveau" depuis la seconde guerre mondiale selon le rapport de l'OCDE 2010 intitulé perspectives de l'emploi. Il a atteint 8,7% en moyenne avec des disparités(le chômage en Espagne et l'Irlande explose alors qu'il recule en Allemagne du fait de la reprise de la croissance) son plus haut niveau depuis 1945. "Le taux de chômage de la zone OCDE pourrait encore dépasser les 8% à la fin de 2011. Etant donné la gravité du ralentissement du marché du travail et les risques sociaux et économiques que cela implique, il est important de continuer d'allouer des fonds appropriés aux politiques du marché du travail", écrit l'OCDE. Même avec la reprise, "fragile", il manquera fin 2011 environ 15 millions d'emplois pour revenir au taux d'emploi d'avant la crise, notamment dans certains pays comme l'Espagne, l'Irlande ou les Etats-Unis. Or, qui dit chômage seul indicateur de la reprise de la sphère réelle, dit baisse de la demande solvable qui se répercute sur le niveau de l'appareil de production et l'Espagne le pays le plus frappé de l'Europe avec près de 20% du taux de chômage est un exemple significatif. C'est pourquoi, le Forum de Davos a clôturé le 31 janvier 2010 dans une ambiance loin d'être euphorique. Le rapport final insiste que si la croissance est légèrement repartie, les problèmes budgétaires d'Etats comme la Grèce suscitent beaucoup d'inquiétudes, tandis que le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a prévenu lors de ce forum que le rétablissement du système financier sur des bases plus saines et des finances publiques serait l'un des principaux problèmes pour l'économie mondiale et qu'il fallait rester prudent. Avis partagé par M. Neil Barofsky, inspecteur indépendant du plan public de sauvetage de la finance aux Etats- Unis qui a affirmé, dans un rapport publié dans le Waal Street Journal du 31 janvier 2010, qu'une nouvelle crise financière restait possible, sauf réforme importante du système financier américain, étant donné sa faiblesse et les risques qu'il prend. Aussi, selon bon nombre d'experts internationaux, on ne peut malheureusement pas s'attendre à une reprise miraculeuse après une crise aussi grave, car il faudra des années pour reconstruire les économies et redresser la situation de l'emploi. Par ailleurs, au cours des 5 à 10 prochaines années, du fait de l'aversion accrue pour le risque, une réglementation plus prudente et la nécessité d'adopter des pratiques de prêt moins libérales que pendant la période d'expansion qui a précédé la crise se traduiront probablement par une raréfaction et un renchérissement des capitaux destinés aux pays en développement. Toutes les formes de financement étant affectées par la crise, les sociétés mères seront moins en mesure de financer le développement de nouveaux produits car leurs coûts d'équipement vont augmenter. Il s'ensuit que selon une étude de l'assureur- crédit Euler Hermes SFAC publiée le 11 juin 2009 que la crise économique et financière va durablement peser sur la croissance mondiale et la demande intérieure des pays émergents reste trop faible pour compenser la récession des pays développés, Je cite : " Depuis dix ans, la dynamique mondiale a été portée par la demande des pays de l'OCDE, poussée par le crédit, et cette demande était aussi le moteur extérieur des pays émergents, leur demande intérieure, encore trop faible, ne pouvant pas servir de locomotive de la croissance mondiale à ce stade ". Aussi, selon cette étude, la croissance mondiale devrait rester inférieure à sa tendance de 4% pendant quelques années avant de revenir à l'équilibre. Dans la même lignée, dans un rapport, publié le 2 juin 2009 à Londres, le Centre for Economics and Business Research (CEBR) indique que l'Alena (Canada, États-Unis, Mexique) et l'Union européenne ne parviennent plus à produire la majorité du PNB mondial. La communauté transatlantique représentait 60 à 64 % de l'économie mondiale à son apogée, dans la période 1995-2004. Elle ne représentera que 49,4 % en 2009. La chute devrait se poursuivre, pour tomber à 45 % en 2012. Avis partagé, la déclaration en date du 5 juin 2009 du président russe Dmitri Medvedev, lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg qui pense que la crise financière et économique internationale provoquera un "reformatage" du monde et modifiera le peloton de tête du développement économique. " En fin de compte, les leaders du développement économique changeront, tout comme le modèle de comportement dans la sphère économique et les modes de fonctionnement des marchés économiques. Il est vrai, les nouveaux modèles qui verront le jour au cours des prochaines années, devront prouver leur efficacité ". 2- Risque de conjonction de bulles financières et de bulles budgétaires 2013/2015 Souvent l'on ne différencie pas exactement ente le déficit budgétaire (flux) de la dette publique (stock), le déficit budgétaire étant la situation dans laquelle les recettes du budget de l'État sont inférieures aux dépenses, donnant un solde négatif et pour financer son déficit, l'État est obligé d'emprunter. La dette de l'État se définit quant à elle comme l'ensemble des emprunts effectués par l'État, dont l'encours (montant total des emprunts) résulte de l'accumulation des déficits de l'État. Aussi, elle ne doit pas être confondue avec la dette extérieure, (là aussi à ne pas confondre le principal qui est un stock avec le service de la dette qui est un flux), constituée de l'ensemble des engagements des agents économiques d'un pays (particuliers, entreprises..), et non seulement de l'État, vis-à-vis de prêteurs étrangers. Ces deux données, bien que différentes, sont liées : le flux du déficit budgétaire vient alimenter l'encours de dette, qui en retour agit sur le niveau de déficit par l'augmentation des intérêts versés, qui sont une charge (dépense) budgétaire, la succession des déficits favorisant l'apparition de nouveaux déficits. En effet, le gonflement de la dette provoque un effet "boule de neige" selon un processus auto-entretenu, la charge d'intérêt qu'elle produit conduisant à augmenter le déficit et donc à accroître encore l'endettement de l'État et la charge des intérêts. Dans ce cadre, le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke déclare ( Reuters 03 juin 2009) que l'augmentation de la dette américaine contribue à faire monter les taux d'intérêt à long terme et qu'il est temps de commencer à travailler aux moyens permettant de réduire les déficits, rejoint par la présidente de la Banque de Réserve fédérale de Cleveland, Sandra Pianalto, à l'occasion d'une conférence devant des investisseurs et chefs d'entreprise le 8 juin 2009, je cite : " l 'Etat américain, confronté à un important déséquilibre budgétaire, ne pourra pas poursuivre indéfiniment son soutien à l'économie. Il n'est ni possible ni souhaitable que les dépenses fédérales se maintiennent à un niveau aussi élevé ". Mais cela n'est pas propre aux USA comme en témoigne l'explosion des déficits budgétaires pour l'ensemble des pays européens sans compter les déficits des pays émergents. La reprise permettra t- elle d'absorber cette importante injection monétaire sans précédent dans l'histoire du capitalisme comme le postule la théorie keynésienne raisonnant au sein de structures élastiques et d'Etats Nations (relance de la demande globale, consommation et investissement) et le blocage n'est -il pas mondial (fait nouveau -interdépendance des économies), donc d'ordre structurel La solution ne pouvant qu'être globale et le risque n'est-il pas de s'orienter vers une hyperinflation à la Weimar à l'échelle planétaire, mais fait nouveau, conséquence à la fois de la combinaison cette fois de bulles financières et de bulles budgétaires ? C'est dans ce sens que les avertissements adressés aux banques centrales par la chancelière allemande Angela Merkel, les alertant contre le danger d'une politique inflationniste et surtout l'intervention de l'économiste Jacques Attali, connaissant fort bien le fonctionnement du système monétaire international, montrent des signes d'inquiétudes qui contrastent avec les déclarations rassurantes de bon nombre de dirigeants. Pour Jacques Attali devant le Forum international économique et financier (FIEF), en avril 2009 à Paris, le danger d'une hyperinflation semblable à celle de l'Allemagne en 1923 est réel. Je cite Jacques Attali : "depuis que le système de réserve fédérale (la FED) a perdu, en 1971, l'étalon de change-or, la garantie de l'Etat et tous les engagements relatifs à la masse monétaire qui leur sont liés, ses propriétaires privés ont vu la masse monétaire se multiplier par quarante en 30 ans seulement - alors que la croissance des biens n'était que de quatre fois. Le scénario du pire est vraisemblable, celui d'une grave dépression et d'une inflation importante. Je le dis comme je le pense : le monde n'est pas loin de s'engager sur le chemin d'un Weimar planétaire. Si le pire n'est pas certain, il n'en demeure que le scénario du pire est le plus probable ". Selon cet économiste, la dette totale des Etats-Unis, quand on additionne les acteurs privés et publics représente en janvier 2008 l'équivalent de 350% du PIB américain, plus élevée qu'en 1929, quand elle n'a jamais dépassé les 300%. Un an plus tard, en janvier 2009, cette dette représente 500% du PIB et atteint 54.000 milliards de dollars. L'auteur énonce un autre chiffre inquiétant qui est le lien entre les encours et les fonds propres des banques. Les encours montent à environ 84.000 milliards et les fonds propres ne représentent que 4.000 milliards, c'est-à-dire un ratio de vingt. Cette proportion ne doit jamais dépasser les 15%, alors que pour certaines banques le ratio dépasse les 50. C'est que les difficultés du système bancaire s'expriment par la différence entre la valeur des banques en bourse et la valeur qu'ils affichent sur le papier, la valeur de certaines banques occidentales étant à peu près la moitié de leurs fonds propres, possédant des actifs toxiques qu'elles refusent de faire apparaître dans leurs comptes.