Les indicateurs de l'économie chinoise au premier trimestre 2007, qui seront publiés jeudi, pourraient laisser craindre une surchauffe en dépit de toutes les mesures prises depuis des mois. Dès mardi, un responsable du Bureau des statistiques (BNS) a sonné l'alarme : "Nous avons terminé les statistiques du premier trimestre. Les gens qui ont étudié les chiffres pensent que des risques de surchauffe se font jour et que cette surchauffe pourrait être aussi sérieuse que l'an dernier", a dit Geng Qinzeng, dans les colonnes du Nanfang Daily. Reste à savoir si la tendance sera officialisée jeudi par le BNS, dont le directeur, Xie Fuzhan, niait en janvier tout signe de surchauffe. "Si notre croissance économique est quelque peu forte, elle est relativement stable, et la qualité de cette croissance s'est améliorée", affirmait-il, en présentant les résultats de 2006. L'an dernier, la Chine a enregistré une croissance de 10,7%, la plus forte en 11 ans, se positionnant pour accéder rapidement au troisième rang des économies mondiales, malgré un resserrement du crédit. Dans ses "Perspectives de l'économie mondiale", le Fonds monétaire international a prédit, la semaine dernière, une progression du produit intérieur brut de la Chine de 10% en 2007. Cette croissance représente le double de ce que l'institution prévoit pour l'économie mondiale (4,9%) et plus de quatre fois ses estimations pour les Etats-Unis et la zone euro (respectivement 2,2% et 2,3%). Le gouvernement a lui, comme c'est son habitude, fixé un taux prudent d'environ 8% pour 2007. Mais pour le premier trimestre, les experts s'attendent déjà à une croissance supérieure à 10%, voire proche de 11%, qui sera une nouvelle fois portée par les florissants échanges commerciaux du pays avec le reste du monde. L'excédent commercial chinois a, en effet, quasiment doublé au premier trimestre par rapport à la même période de 2006, atteignant 46,44 milliards de dollars. De même, sur ces trois mois, les investissements en capital fixe devraient dépasser le taux de 2006 (24%): selon de premiers chiffres diffusés mardi par la Commission nationale pour la réforme et le développement, la hausse a été de 25,3% en rythme annuel. "En Chine, des politiques plus strictes ont calmé l'investissement temporairement en 2006, mais il a rebondi début 2007 et nous ne nous attendons pas à davantage de refroidissement. Il y a une énorme demande de capital dans des régions moins développées de Chine", commentent dans leur note hebdomadaire les économistes de Lehman Brothers. Ces derniers, comme leurs confrères, s'attendent à ce que le gouvernement prenne une nouvelle série de mesures macroéconomiques. Sont notamment attendues de nouvelles hausses des taux d'intérêt et des ratios de réserves obligatoires des banques. Ma Jun, économiste de la Deutsche Bank, estime que "ces ratios devraient être augmentés encore 3-4 fois pour arriver à 12% ou 12,5% d'ici à la fin de l'année" après déjà six hausses depuis juin 2006. Il prévoit, également, une nouvelle hausse des taux d'intérêt, voire davantage de mesures encore, prédisant que "la Banque centrale va maintenir un contrôle fort au moins aux deux premiers trimestres". Pour les analystes, une nouvelle hausse des taux est d'autant plus probable que l'inflation, encore maîtrisée, continue de progresser vers le seuil limite fixé officiellement (3%). Elle "pourrait même excéder 3% sur un an, pour la première fois depuis début 2005", avertissent les économistes de Merrill Lynch.