Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert International professeur d'Université en management stratégique (Algérie) Ce scenario contredit une contribution pessimiste parue la mi-septembre 2010 des forces de sécurité allemandes qui prédisent des luttes pour contrôler les réserves énergétiques du Moyen-Orient à l'horizon 2020/2030. Dans le premier scénario étudié, chaque région utiliserait au mieux son potentiel en éolien, solaire, ou encore hydroélectrique, et les mieux loties approvisionnent celles qui ont moins d'atouts naturels. On estime en 2009, 40 % des émissions de gaz à effet de serre de l'Allemagne proviennent de la production d'électricité, la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique du pays étant de l'ordre de 17 %. Dans la même lignée, le rapport Charpin (2010) sur la filière solaire en France à la demande du gouvernement français , qui pourtant privilégie le nucléaire, préconise de dépenser moins en subventions (pour les panneaux solaires notamment) mais plus pour la recherche, et demande que le fonds d'investissement consacré soit de 100 à 150 millions d'euros dans une première phase d'urgence (contre seulement 26 millions d'euros en 2009) afin de créer une filière industrielle capable de rivaliser avec la Chine et l'Allemagne et se libérer des énergies fossiles horizon 2020/2030 et de respecter son engagement européen de disposer de 23 % d'énergie renouvelable en 2020, alors qu'elle atteignait 14 % en 2009. Car le plus inquiétant pour l'avenir est l'Inde et surtout la Chine, cette dernière ayant consommé en 2009, 2.252 millions de tonnes équivalent pétrole (tep), soit 4 % de plus que les Etats-Unis (2.170 millions de tep). Ces chiffres, révélés selon le site du " Wall Street Journal ", données qui seront publiées en novembre 2010 dans le rapport annuel de l'AIE, le World Energy Outlook, alors que selon les précédents rapports de l'AIE, ce dépassement était prévu en 2015, cela étant dû à la crise, (récession de l'économie américaine) mais aussi à une demande chinoise du fait de sa forte croissance, cette dernière activant dans la recherche pour le gaz non conventionnel, les énergies renouvelables dont selon certaines prospectives, elle deviendrait leader. En effet, pour assurer son développement, la Chine aura besoin de 4.000 milliards de dollars d'investissements énergétiques dans les vingt ans à venir. Pour les USA, le programme du président Barack Obama prévoit 200 milliards de dollars dans les énergies renouvelables. Pour l'Europe. dans une étude intéressante publiée par la Commission économique européenne en date du 17 août 2010, réalisée par Jean Marc OLLAGNIER directeur général du secteur Energie et ressources naturelles en Europe, il est mis en relief que depuis des années, l'Europe concentre son action sur la production et soutient massivement l'éolien, le solaire et le captage-stockage du carbone et pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2 et de la consommation d'énergie fixés par l'Union européenne pour 2020, l'Europe aura besoin de près de 890 milliards d'euros en plus des investissements habituels. Par exemple, les aides pour la filière solaire et éolienne devraient atteindre respectivement 85 milliards et 67 milliards d'euros au cours de la prochaine décennie, tandis que les coûts en crédit carbone pour la production d'électricité seront supérieurs à 200 milliards d'euros. Les nouvelles capacités de production représenteront 40 % des 890 milliards d'euros estimés, dont les deux tiers consacrés à l'éolien, au solaire à la biomasse et à l'hydraulique - la part des énergies renouvelables sera ainsi portée à 30 % en 2020. Mais le rapport souligne qu'il faut impérativement une généralisation de ces technologies pour réduire sensiblement les coûts. Je cite le rapport : " au total, le coût global des objectifs de l'Union européenne pour 2020 se traduira par une augmentation moyenne de 25 % de la facture d'électricité des ménages européens ". Et de poser cette question : "dès lors, comment l'Europe peut-elle arriver à résoudre la difficile équation d'accélérer sa transition vers une économie décarbonée tout en réduisant le coût ? " 2.- Urgence de l'atténuation de la bipolarisation des inégalités Nord/Sud L'émergence d'une économie et d'une société mondialisées et la fin de la guerre froide depuis la désintégration de l'empire soviétique, remettent en cause la capacité des Etats-Nations à faire face à ces bouleversements. Les gouvernements à travers les Etats Nations - et la crise actuelle en est la démonstration, sont désormais dans l'impossibilité de remplir leurs missions du fait de la complexification des sociétés modernes, de l'apparition de sous-systèmes fragmentés, de l'incertitude liée à l'avenir et de la crise de la représentation politique, d'où l'exigence de s'intégrer davantage dans un ensemble plus vaste pour pouvoir répondre aux nouvelles préoccupations planétaires. Se pose donc cette question : les institutions internationales telles que le FMI ou la Banque mondiale, les organisations multilatérales telles que l'OCDE et les organisations à vocation universelle comme les Nations unies et ses organes subsidiaires (UNESCO, FAO, ...) peuvent -elles servir de régulation mondiale? En l'absence d'institutions internationales réformées tenant compte des nouvelles mutations mondiales et notamment des pays émergents, capables de prendre le relais de la souveraineté étatique défaillante, le risque est que le seul régulateur social demeure les forces du marché à l'origine d'ailleurs de la crise mondiale actuelle. Ce qui explique la position officielle de la majorité des pays de l'Afrique, demandant l'élargissement du G20 (ce continent étant représenté uniquement par l'Afrique du Sud) et au niveau des instances onusiennes pour une meilleure démocratisation du système des Nations unies, en réclamant deux sièges permanents avec droit de veto au sein du Conseil de sécurité. L'actuelle crise financière est me semble-t- il une crise de confiance, une crise de régulation mais aussi une crise morale due à l'opacité des flux financiers. Cette régulation mondiale est rendue, d'autant plus urgente avec cette financiarisation accrue car il s'échange chaque jour 4.000 milliards de dollars de devises sur les marchés des changes, trois fois plus qu'il y a une décennie, selon l'enquête triennale publiée fin aout 2010 par la Banque des règlements internationaux. Les acteurs non bancaires font désormais la moitié des transactions, la City renforçant sa prééminence, avec 37 % des échanges de monnaies et 46 % des transactions sur les dérivés de taux d'intérêt. Paris avec 3 % du négoce de devises et 7 % sur les dérivés (troisième rang derrière Londres et New York). Nous assistons à l'entrée du dollar australien, le won coréen, la lire turque, la roupie indienne, ces monnaies qui progressent, au détriment du billet vert, et l'introduction du yuan chinois sur ce marché dans un proche avenir devrait entrainer de profonds bouleversements. Aussi, selon la BIRD, si le marché des changes a été relativement préservé dans la crise récente, il pourrait en être tout autrement dans les prochaines années, les régulateurs financiers devant mieux surveiller les " non-banques ", les " hedge funds " et autres acteurs de plus en plus actifs sur les marchés des changes , la supervision financière britannique ayant révélé sa profonde inefficacité. Rapportées au PIB, les pertes des banques implantées au Royaume-Uni ont été six fois supérieures à ce qui a été enregistré sur le Continent ou aux Etats-Unis. Aussi, l'objectif stratégique est de repenser tout le système des relations économiques internationales et notamment le système financier mondial issu de Bretton Woods en 1945 en intégrant le défi écologique, car en ce début du 21ème siècle, des disparités de niveau de vie criardes font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L'abondance et l'opulence y côtoient d'une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement. Sur les sept milliards d'habitants que compte la planète, un cinquième - dont 44% en Asie du Sud a moins d'un (01) dollar par jour de revenu. Quand on sait que dans les 25 prochaines années, la population mondiale augmentera de deux milliards d'individus - dont 1,94 milliard pour les seuls pays en voie de développement - on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l'humanité si rien de décisif n'est entrepris. SIXIEME PARTIE L'Algérie et la dynamique des relations économiques internationales 1.- L'Algérie et l'Europe 1.1- Bien poser les problèmes pour régler les différents Tout en soulignant que depuis fin juin 2010, l'Algérie a décidé de suspendre provisoirement ses négociations avec l'OMC, une réunion a eu lieu le 15 juin 2010 au Luxembourg relative au 5ème conseil de l' Accord d'association entre l'Union européenne et l'Algérie devant faire le point après 5 ans, l'Algérie étant liée par un accord à l'Europe pour une zone de libre-échange applicable depuis le 01 septembre 2005. Cet accord comporte plusieurs volets: politique, économique, commercial, industriel, les services, les douanes, le transport, l'énergie, l'environnement, l'agriculture, la pêche, les affaires sociales, la société de l'information, la recherche-innovation, l'audiovisuel, la culture et l'éducation. Mais, il semble bien qu'existent des tensions entre l'Algérie et l'Union européenne concernant l'Accord d'association signé entre les deux parties. Dans cet esprit, les divergences se sont accentuées suite aux décisions du gouvernement algérien courant 2009 de postuler 51 pour cent aux algériens dans tout projet d'investissement et 30 pour cent dans les sociétés d'import étrangères avec au départ un effet rétroactif , ce qui serait contraire au droit international, qui explique la réaction européenne de Catherine ASHTON, ex-commissaire européenne au commerce extérieur actuellement ministre des Affaires étrangères de l'Union européenne, qui avait demandé l'annulation de ces directives dans une correspondance officielle adressée au gouvernement algérien le 12 juin 2009 . Elle avait invoqué que l'Algérie aurait violé les articles 32, et 37, 39 et 54 de cet accord, ce qui a conduit le premier ministre algérien à annuler son propre décret concernant le volet commerce en septembre 2009.