C'est le retour en grâce du café, cacao et sucre. Les fonds d'investissements s'intéressent actuellement de près à ces matières premières qui ont été éclipsées durant la majeure partie de l'année par la flambée des cours du pétrole, des céréales et de l'or. Les contrats à terme de sucre blanc ont grimpé lundi à leur plus haut niveau depuis le 1er août à Londres, le robusta a atteint un pic de cinq semaines et le cacao s'est maintenu du plus haut de quatre mois, atteint la semaine dernière, des opérateurs de marchés faisant état d'achats de la part des fonds d'investissements. Lathière, gestionnaire de fonds chez Diapason note que "ces derniers mois, les autres matières premières étaient restées à l'écart de la hausse des produits agricoles, marquée par de nouveaux sommets du blé et du soja. Désormais, la situation a changé".Le rééquilibrage en fin d'année des indices de certaines matières premières devrait soutenir celles qui ont connu les performances les plus faibles et dont la pondération a diminué en raison de la hausse des prix du pétrole, du blé et du soja, explique Lathière. Les cours du sucre blanc à Londres ont diminué d'environ 10% depuis le début de l'année alors que le cacao a augmenté de 20% et le café robusta de 19%. Ces évolutions sont faibles si on les rapporte au doublement du prix du blé à Chicago et à l'augmentation de 50% du prix du pétrole brut sur le marché à terme américain cette année. Les investisseurs institutionnels étant investis à hauteur de plusieurs milliards de dollars dans le suivi d'indices tels que le S & P GSCI et le Dow Jones AIG Commodity Index, toute modification de pondération peut avoir un impact marqué sur les cours. "Ce type d'analyse (par les indices) n'existaient pas ces dernières années mais depuis 2005-2006, les gens sont vraiment conscients de la tendance haussière du marché des matières premières et donc que tous les actifs des fonds liés aux indices augmentent", explique Lathière. Il faut dire que les matières premières offrent des perspectives contrastées, le café étant le plus haussier mais le sucre beaucoup moins prometteur, estime pour sa part Rodolphe Roche, gestionnaire de fonds chez Schroders. "Pour le café, le tableau est extrêmement haussier simplement parce que les stocks sont extrêmement faibles et qu'en même temps la demande est en hausse", a t-il dit. "Pour le sucre, je reste baissier. (...) Peut-être y a-t-il un effet de rattrapage, mais je ne vois pas de raison de changer de point de vue. Fondamentalement, le monde est inondé de sucre", a t-il déclaré. En ce qui concerne le café, Lathière estime que nous sommes à un moment charnière, des incertitudes existants pour la récolte brésilienne 2008-2009. "Nous attendons encore de voir les conditions climatiques au Brésil, s'il gèle ou non, pour savoir si les grains de café sont corrects. Nous attendons des données précises chiffrées pour le café pour avoir de la visibilité sur la prochaine saison", a encore ajouté. Les contrats à terme de café robusta à Londres ont chuté à un plus bas de trois mois début décembre mais ont rebondi grâce à l'achat des fonds ces derniers jours. Certains craignent que la hausse ne soit exagérée. Mais d'autres avancent que si les fonds achètent, nombreux seront ceux qui voudront les imiter. "Aujourd'hui, la part des fonds dans le marché des matières premières est énorme (...) Personne ne va jouer contre eux", commente Lathière de Diapason.