L'or a pâtit cette semaine d'un regain de l'appétit des investisseurs pour le risque, au détriment du métal jaune, tandis que le platine et le palladium poursuivaient leur progression, toujours portés par les perspectives encourageantes du marché automobile. Les cours de l'or se sont nettement repliés en début de semaine avant de se stabiliser dans un marché fébrile où le métal jaune peinait à jouer encore son statut de valeur refuge. Les cours ont atteint mercredi un plus bas depuis la fin avril, à 1157,03 dollars l'once. "Ce n'est pas courant de voir l'or baisser ou monter de 3% en quelques jours... Les facteurs saisonniers fournissent de piètres explications. Ce récent affaiblissement reflète en fait une moindre demande de l'or comme valeur refuge ou couverture contre l'inflation", soulignait Julian Jessop, économiste chez Capital Economics. "L'or commence à perdre de son lustre... Les dernières semaines ont montré que les investisseurs recommençaient à tremper leurs orteils dans les eaux tumultueuses des actifs plus risqués", tels les marchés d'actions, confirmait Michael Hewson, analyste de CMC Markets. Dans le sillage des tests de résistance bancaire européens, une série d'indicateurs macroéconomique favorables en Europe a ainsi contribué à revigorer les investisseurs, et a poussé l'euro au-delà de 1,31 dollar jeudi. "Il est tentant de dire qu'une bonne part de la baisse de l'or depuis fin juin est due au rétablissement de l'euro comme valeur intrinsèque crédible, mais cela ne correspond pas vraiment aux faits (...) Chaque glissement significatif de l'or est en fait intervenu après un indicateur macroéconomique négatif aux Etats-Unis", avertit-on cependant chez BNY Mellon. "En d'autres mots, l'actuel repli des prix de l'or est alimenté par la détérioration des perspectives économiques et la menace croissante de pressions déflationnistes (qui laissent présager des taux d'intérêt bas, ndlr), plutôt qu'un reflet de l'optimisme sur la monnaie européenne", estiment ces analystes. Preuve d'une baisse de l'intérêt des investisseurs spéculatifs, les participations détenues par le premier fonds coté au monde, SPDR Gold Trust, ont nettement diminué cette semaine, à 1282 tonnes, bien en-deçà du niveau record de 1320 tonnes atteint le 29 juin. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a fini à 1169 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1190,50 dollars le vendredi précédent. Les cours de l'argent ont comme à l'accoutumée calqué leurs mouvements sur ceux de l'or. Le métal gris a fini à 17,66 dollars vendredi, contre 18,17 dollars vendredi dernier. A l'inverse de l'or et de l'argent, les métaux du groupe platine ont fini la semaine dans le vert, poursuivant sur leur lancée de la semaine précédent. "La récente trajectoire de leurs cours lors des dernières séances s'inscrit plus dans le sillage des métaux de base, que dans celui de l'or", notait Suki Cooper, de Barclays Capital. Le platine et le palladium profitaient toujours de la perspective d'un resserrement du marché entre une demande en hausse portée par le marché automobile et des inquiétudes sur la production, notamment en raison de tensions sociales persistantes en Afrique du sud, principal producteur mondial, observaient les analystes de Natixis.De leur côté, les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange ont de nouveau progressé cette semaine, soutenus par un éclaircissement des perspectives de la demande mondiale, l'étain grimpant de son côté à son plus haut niveau depuis près de deux ans. "Nous assistons en ce moment à une très honnête progression de l'ensemble des métaux", alors que le renforcement de l'euro et une série de bons résultats trimestriels d'entreprises "contribuent à conforter le ton du marché", note Edward Meir, analyste pour MF Global. Alors que l'euro a dépassé jeudi le seuil de 1,31 dollar pour la première fois depuis début mai, l'affaiblissement de la monnaie américaine favorise les achats de matières premières libellées en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises. Dans le sillage des tests de résistance bancaires européens, plusieurs indicateurs macroéconomiques positifs publiés en Europe sont également venus alimenter l'idée d'un éloignement des risques de récession. Le London Metal Exchange (LME, Bourse des métaux londonienne) a par ailleurs fait état cette semaine d'un niveau record de ses volumes d'échanges pour le premier semestre 2010, avec 59,3 millions de lots échangés, porté par le cuivre (bond de 20,4% sur un an des contrats à terme) et le plomb (bond de 30,5%). L'ÉTAIN a poursuivi son envolée lors de la semaine écoulée et a atteint vendredi 19.540 dollars la tonne, un record depuis fin août 2008.