Selon des économistes de la Banque mondiale, au moment où les pays riches remettent de l'ordre dans leurs propres économies, les pays exportateurs de pétrole de la région Moyen-Orien et Afrique du Nord, dont l'Algérie, jouent un rôle moteur dans le redressement de leur région. Aidés en cela par le renchérissement des prix du pétrole et une plus grande stabilité de leur secteur financier. Dans ce sens, ces pays sont appelés à dépasser les pays industrialisés en termes de poids économique à l'horizon 2015, tout en ajoutant, dans ce contexte, que près de 50% de la croissance mondiale relève des pays en développement. Pour ce qui est des autres pays de cette région, la crise économique se traduira probablement par 2,6 millions de pauvres de plus, à l'horizon 2011, et par une aggravation du problème du chômage. Ainsi, "pour que l'ensemble de la région puisse concrétiser l'énorme potentiel qui est le sien, il lui faut absolument ouvrir la porte à une nouvelle génération d'entrepreneurs privés et permettre aux femmes de jouer un rôle à part entière sur le plan économique", a indiqué la BM. Par ailleurs, selon M. Otaviano Canuto, vice-président pour la réduction de la pauvreté et la gestion économique (PREM) à la Banque mondiale, "les pays en développement sont venus à la rescousse de l'économie mondiale". "Ce sont eux qui servent désormais de locomotives pour la croissance mondiale au moment où les pays à revenu élevé continuent de stagner", a-t-il ajouté. Dans le même sillage, la croissance des pays en développement devrait atteindre un niveau de 6,1% en 2010, de 5,9% en 2011 et de 6,1% en 2012, alors qu'elle devrait s'établir dans les pays à revenu élevé à 2,3%, 2,4% et 2,6%, respectivement, sur cette même période. A ce propos, il est à noter que "l'horizon économique s'annonce prometteur pour le monde en développement'', a déclaré, pour sa part, M. Marcelo Giugale, dirigeant des activités du réseau PREM au niveau de la région Amérique latine et Caraïbes à la Banque mondiale. Le rééquilibrage de la croissance mondiale dans le sens d'une multiplicité d'éléments moteurs va donner une nouvelle importance aux pays en développement. Cela va aussi modifier la donne au niveau de leurs politiques : en moyenne, on va y voir la gestion économique se renforcer et l'administration publique s'améliorer, et on pourra être sur le point d'entrevoir le début de la fin en ce qui concerne la pauvreté. En ce qui concerne les régions Asie de l'Est, Amérique latine, Asie du Sud ou, dans un horizon prochain, l'Afrique, ces dernières ont le potentiel voulu pour accéder au rang de régions "nouvellement développées". Ainsi, pour l'Afrique subsaharienne, la région la plus pauvre du monde, la crise a peut-être eu pour effet de faire basculer 7 à 10 millions de personnes de plus dans la pauvreté. Les perspectives de renforcement de la croissance y sont néanmoins favorables, tant que les pays maintiennent leur détermination à appliquer des politiques avisées. Il s'agira, notamment, pour eux, de s'attaquer aux problèmes des infrastructures, de la création d'emplois, de la gouvernance et du rétrécissement de l'aide. Pour la Chine, un certain "rééquilibrage" doit s'opérer sous la forme d'une expansion de sa consommation intérieure et de son secteur des services. Les régions Europe de l'Est et Asie centrale sont celles qui ont été le plus durement touchées par la crise mondiale, accusant une baisse de croissance de 12 points de pourcentage entre 2007 et 2009, ce qui a réduit à néant une bonne partie des progrès réalisés dans le passé. Pour aller de nouveau de l'avant, les pays de ces régions vont devoir améliorer leur compétitivité et établir leurs prestations de services sociaux sur une base budgétairement viable. En Amérique latine, la croissance est tombée au point mort sous l'effet de la crise, qui a également fait basculer dans la pauvreté quelque 8 millions de personnes de plus (sur la base d'un seuil de pauvreté de 4 dollars par jour). Mais grâce aux progrès réalisés ces dix dernières années en matière de gestion économique et de politiques sociales, les pays de la région ont pu éviter une implosion économique ou sociale et, sauf en cas d'autres chocs externes, sont bien placés aujourd'hui pour entamer une phase de développement rapide et soutenu. L'Asie du Sud-Est la région du monde qui a le mieux résisté à la crise et la première à avoir retrouvé le chemin de la croissance ; mais la pauvreté y subsiste, néanmoins. Quelque 600 millions de ses habitants n'ont pas plus de 1,25 dollar par jour pour vivre. Le problème est donc pour elle d'assurer un redressement plus soutenu, solidaire et durable. Un renforcement de l'intégration commerciale sera primordial, soulignent les économistes de la BM.