Le président de l'Association nationale de la filière avicole (ANFA), Mokrane Mezouane, a indiqué, lundi, que les éleveurs sont confrontés, ces dernières semaines à une augmentation "frénétique et injustifiée" des prix des aliments (maïs et soja). "Le prix d'un quintal de maïs a connu durant cette semaine une hausse de 400 DA", affirme M. Mezouane dans une déclaration à TSA. Le président de l'ANFA ne cache pas son inquiétude quant à l'avenir de la filière. Pour lui, beaucoup d'éleveurs qui souffrent déjà des prix actuels ne survivraient pas à cette flambée. L'aliment fait à base de maïs et de soja est le principal élément de la production avicole. Il représente 70% du coût de revient. "C'est l'effet domino. L'augmentation des prix de l'aliment va contraindre les éleveurs à revoir à la hausse les prix de leurs produits qui sont déjà élevés. Conséquence : l'acheteur consommera moins, ce qui induira la faillite de nombreux éleveurs qui ne pourront plus vendre leurs produits", avertit M. Mezouane qui appelle le gouvernement à intervenir " rapidement " pour mettre un terme à cette situation. Ainsi, pour M. Mezouane, il y va de l'avenir de quelques 100.000 fermes d'élevage qui risquent de disparaître en emportant avec elles des centaines de milliers d'emplois. Il faut savoir que les pouvoirs publics veulent réorganiser la filière des viandes blanches à travers la mise en place d' un Office interprofessionnel de la filière avicole. Cette démarche serait la résultante de l'instabilité du marché de la viande blanche et des multiples contraintes qui se dressent devant les vrais professionnels de la filière avicole. L'objectif est de rechercher des mécanismes capables d'asseoir une stabilité des prix des produits de la filière avicole. En fait, la filière est souvent confrontée à de grandes fluctuations des prix, qui ne profitent ni au consommateur ni à l'éleveur, mais, bien entendu, aux personnes étrangères à la filière. Les pertes périodiques de la production avicole sont aussi l'un des handicaps de ce marché, où la consommation moyenne est estimée à plus de 10 kg/habitant/an, alors que celle des œufs est de l'ordre de 150 unités/habitant/an. Ainsi, les pertes de production sont estimées à plus de 40%. A cela s'ajoute la dépendance des importations concernant les aliments et les compléments nutritifs des bêtes, dont plus de 80% des matières premières proviennent de l'étranger. Il faut dire que, sans la réorganisation de cette filière par ses propres acteurs, les perspectives qui se profilent sont plutôt "sombres". Même les mesures de soutien prises par les autorités, notamment la suppression de la TVA sur les aliments de bétail, se sont révélées non profitables à ce marché. A cela s'ajoute le problème de la production à crédit par 95 % des aviculteurs et la volatilité du marché international qui induit des chocs irréversibles sur le marché intérieur. Les années à venir sont donc sombres si les acteurs de la filière continuent à naviguer à vue.