Le groupe des 20 économies les plus importantes du globe (G20) doit s'attaquer au problème de la "guerre des monnaies", s'il ne veut pas échouer en tant que tel, a averti vendredi à Washington le ministre brésilien des Finances Guido Mantega. "Si nous ne faisons pas face au problème dans son ensemble et laissons chaque pays mener sa politique, nous courons le risque d'un échec du G20", a-t-il déclaré devant la presse, en marge de l'assemblée annuelle du Fonds monétaire international (FMI). Les ministres des Finances membres du G20 se sont réunis vendredi matin pour un petit déjeuner de travail, mais ils se sont essentiellement entretenus de la réforme du FMI, a souligné M. Mantega. Le G20 doit se réunir en sommet les 11 et 12 novembre à Séoul en Corée du Sud. Le ministre brésilien est le premier à avoir parlé de "guerre des monnaies" pour dénoncer l'attitude de certains pays maintenant artificiellement bas le niveau de leurs monnaies pour faciliter leurs exportations. Le Brésil fait face à une appréciation régulière de sa monnaie, le real, qu'il juge préjudiciable à son économie. Les grandes puissances économiques mondiales ont tenté vendredi d'empêcher les tensions liées aux changes de compromettre une reprise économique déjà fragile, en soulignant leur volonté de coopérer pour tenter de réduire les déséquilibres. Les grands argentiers du G20 réunis à Washington ont réaffirmé que les principaux exportateurs de la planète, comme la Chine, devaient favoriser l'essor de leur consommation intérieure afin que les pays industrialisés endettés, à l'instar des Etats-Unis, puissent assainir leurs finances sans mettre en péril la croissance mondiale. Tous craignent de voir la baisse du dollar américain et l'appréciation d'autres devises conduire certains pays à s'engager dans une nouvelle phase de dévaluations compétitives dans le but de soutenir leurs exportateurs. Le billet vert a inscrit vendredi un nouveau plus bas de 15 ans face au yen après la publication des statistiques mensuelles de l'emploi aux Etats-Unis, plus mauvaises qu'attendu, qui ont conforté le scénario d'un nouvel assouplissement de la politique monétaire américaine avant la fin de l'année. Au cours d'un dîner de travail entre ministres des Finances et banquiers centraux du G7 vendredi soir, ces sept pays les plus riches de la planète sont convenus que les mouvements désordonnés et excessifs de taux de change n'étaient pas souhaitables. Ces dirigeants ont également jugé que les taux de change devaient refléter les fondamentaux économiques et que, dans une allusion à la Chine, les économies émergentes disposant d'excédents commerciaux devaient tendre vers une flexibilité des taux de change, a rapporté Yoshihiko Noda, ministre japonais des Finances. La Chine est accusée de maintenir artificiellement le yuan à un niveau faible pour promouvoir ses exportations, ce qui, aux yeux des Etats-Unis et de l'Union européenne, entrave la reprise économique en Occident. La Chine a répliqué vendredi en disant qu'elle poursuivrait la réforme de sa politique de change à son propre rythme. "Nous continuons de penser que la Chine a besoin d'un régime de change fondé sur le marché", a expliqué le gouverneur de la banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan. "Je crois que la différence, c'est que, en Chine, nous considérons qu'il s'agit d'une évolution progressive, graduelle, plutôt que d'une thérapie de choc." De son côté, la Réserve fédérale américaine a mené depuis le début de la crise une politique de taux d'intérêt quasi-nuls qui a eu pour effet un transfert massif de capitaux vers les pays émergents, ce qui nourrit les craintes d'une "guerre des monnaies".