L'Union nationale des opérateurs pharmaceutiques (Unop) réclame plus de stabilité et de visibilité dans la législation régissant le secteur du médicament. " Nous appelons à une réglementation stable et visible pour que les grands fabricants mondiaux de médicaments viennent investir en Algérie ", a déclaré, hier à Alger, le Dr Nabil Mellah, président de l'UNOP. Intervenant lors des travaux du premier forum de l'industrie pharmaceutique, organisé à l'hôtel El-Aurassi, Mellah estimera que les changements de lois survenus depuis l'ouverture du marché du médicament, en 2005, étaient "brutaux ". Un état de fait qui a causé, selon lui, des "préjudices" aux opérateurs pharmaceutiques. Il a cité, dans ce contexte, l'interdiction en 2008 de l'importation d'une liste de médicaments fabriqués localement, sans donner le temps aux importateurs de se préparer. Ce qui a fait, a-t-il ajouté, que plusieurs contrats conclus par les importateurs sont tombés à l'eau. D'autre part, le président de l'Unop, (une association regroupant des opérateurs activant dans la production et l'importation), a soutenu que le marché algérien du médicament représente pas moins de 2 milliards de dollars. Ce qui constitue aux yeux des plus importantes firmes internationales, un marché attractif. Selon ses estimations, le marché algérien est appelé à se développer davantage dans les prochaines années en raison de la moyenne d'âge actuelle de la population qui ne dépasse pas les 35 ans. Ce qui revient à dire que l'accroissement des potentialités du marché ira en parallèle du vieillissement de la population et l'augmentation de sa moyenne d'âge. Sur un autre plan, Nabil Mellah est revenu sur l'ancienne revendication du Conseil de l'Ordre des pharmaciens portant création de l'Agence nationale du médicament. Une agence, a-t-il soutenu, qui " oeuvrera principalement pour le développement de la production nationale ". Le président de l'Unop a soutenu que l'agence en question peut régler un certain nombre d'anomalies et de dysfonctionnements caractérisant le secteur pharmaceutique. Il a cité, en ce sens, l'importation d'un seul produit pharmaceutique par plusieurs opérateurs et la différence des prix appliqués d'une officine à l'autre. Un fait qu'il a imputé aux fluctuations de change. Mellah, a estimé à ce sujet que l'instauration d'un prix référentiel du médicament annoncée par le ministère de la Santé ne serait pas une chose aisée, à cause justement de ces fluctuations de change. En guise de solutions à ces dysfonctionnements, l'intervenant préconise de s'inspirer du modèle européen qui impose un enregistrement unique de médicament. C'est-à-dire, chaque nouveau produit pharmaceutique entrant sur le marché local doit être enregistré par un seul opérateur qui doit obligatoirement être basé en Algérie. Ceci, a-t-il expliqué, dans le but de le rendre responsable de la disponibilité et la qualité du médicament enregistré. Il est à noter que malgré ses réserves, le président de l'Unop, s'est dit " favorable " pour la politique menée par les pouvoirs publics en matière de protection de la production nationale. Il a précisé, néanmoins, que cette politique " doit être bien encadrée avant, pendant et après sa mise en place, à fin d'éviter d'éventuelles pénuries ". Signalons, enfin, que l'intervenant a soutenu que l'Unop qui détient, selon ses chiffres, 70 % des parts du marché local entre producteurs et importateurs, " ne défend pas les intérêts des multinationales mais plutôt ceux des filiales algériennes des dites multinationales ". Une rhétorique, faut-t-il le dire, qui n'empêche personne de comprendre que les intérêts des multinationales sont assurés à travers, justement, la protection des intérêts de leurs filiales implantées un peu partout dans le monde.