L'Union nationale des opérateurs de pharmacie (UNOP) a décidé de saisir le président de la République, pour la seconde fois, pour ouvrir un débat sur le devenir de la jeune industrie pharmaceutique algérienne « menacée » par l'ouverture du marché à la concurrence étrangère. « Aujourd'hui, nous nous retrouvons avec un marché tout à fait ouvert à l'importation sans aucune mesure d'encouragement pour la production locale. Nous avons besoin de lisibilité », a déclaré le président de l'UNOP, Ammar Ziad, lors d'une conférence de presse organisée jeudi à Alger. Une concurrence, explique le docteur Kerrar, vice-président de l'UNOP, qui met les entreprises algériennes face à des multinationales qui ont été soutenues dans leurs pays respectifs. L'industrie pharmaceutique « n'a reçu aucun soutien depuis 2004 pour cause de négociations dans le cadre de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce », a réitéré le secrétaire général de l'UNOP, le docteur Mellah, en précisant que ces négociations n'ont pas encore abouti. « Nous avons de grandes capacités pouvant à terme couvrir une grande part du marché algérien, mais face à la concurrence internationale il n'y a pas d'espoir de développer cette industrie nationale », ont-il signalé. « En termes de fabrication et de remboursement, il y a une discrimination aux dépens de la fabrication locale, alors que les capacités algériennes sont en mesure de fabriquer des médicaments aux normes internationales », ont-il encore indiqué en déplorant la dernière note du ministère de la Santé qui exige des importateurs d'assurer 45% de la valeur des programmes d'importation de médicaments en génériques. « Nous n'avons rien à envier aux entreprises qui sont de l'autre côté de la Méditerranée. Nous sommes en mesure de répondre aux besoins du marché national », ont-ils ajouté. Le président de l'UNOP a indiqué que l'industrie pharmaceutique « a besoin d'une protection et d'un sconfortement par des mesures incitatives et d'encouragement, voire une politique, pour garantir son développement » en faisant référence aux recommandations émises dans ce sens lors du séminaire international tenu les 22 et 23 octobre 2007, organisé par l'UNOP et qui a vu la participation de quatre ministres. La définition d'un cadre réglementaire « transparent » et « stable », la prescription du générique national, l'accélération des procédures d'enregistrement pour les produits fabriqués localement et le rétablissement de la durée de vie minimale des produits à l'importation afin de préserver l'économie nationale figurent parmi ces propositions. Ces dernières ont été transmises, a-t-il ajouté, aux différents ministères concernés, mais aucune suite n'a été donnée. Des négociations ont commencé à donner des premiers résultats avec le ministère de l'Industrie, mais malheureusement les discussions ont été suspendues jusqu'à nouvel ordre. Il a par ailleurs rappelé que les investissements réalisés en Algérie par les membres de l'UNOP s'élèvent à plus de 50 milliards DA avec la création de 12 000 emplois. Il a rappelé que 90% des produits génériques sont fabriqués en Algérie et que l'enveloppe des importations de médicaments est de l'ordre de 1,4 milliard de dollars d'importation, dont les produits pharmaceutiques en vrac pour le conditionnement, ce qui représente 5% des importations tous secteurs confondus. Le tissu industriel pharmaceutique algérien fonctionne aujourd'hui, selon le docteur Kerrar, au tiers de sa capacité. « Si les recommandations étaient retenues, l'Algérie couvrirait 65% de ses besoins d'ici à 2012 et irait vers des marchés d'exportation de proximité », a-t-il signalé. Interrogé sur la nouvelle liste des médicaments soumis au tarif de référence, passée de 116 à 295 dénominations communes internationales (DCI), le vice-président de l'UNOP a déclaré que son organisation a été associée dans le travail sur une quarantaine de produits. « Nous n'avons pas connaissance du reste de la liste. Malheureusement, nous allons la découvrir au même titre que vous dans le Journal officiel. Qu'est-ce que cela aurait coûté au comité de remboursement de nous faire part de la totalité de cette liste pour avis avant de la soumettre au gouvernement d'autant que nous sommes sur le terrain et nous connaissons parfaitement tous les produits », s'est-il interrogé en précisant : « Nous sommes certains que cette liste contient des incohérences. »