Actuellement l'Algérie importe plus 1,8 milliard de dollars de médicaments. Il faut arrêter l'importation, encourager l'industrie pharmaceutique algérienne et ne pas mettre en doute les capacités de nos entreprises. C'est ce qu'a déclaré, hier, Ammar Ziad, président de l'Union nationale des opérateurs de pharmacie (Unop). A ce sujet, Ammar Ziad a expliqué qu'«un débat sur le devenir de la jeune industrie pharmaceutique algérienne, menacée par l'ouverture du marché à la concurrence étrangère, entre les différents secteurs impliqués, est indispensable». Actuellement, l'Algérie importe plus 1,8 milliard de dollars de médicaments dont 1,4 milliard de dollars de médicaments génériques. Par contre, il y a 50 entreprises pharmaceutiques algériennes fabriquant 90% de produits génériques. Dans ce cadre Ammar Ziad a indiqué: «Aujourd'hui, nous nous retrouvons avec un marché tout à fait ouvert à l'importation sans aucune mesure d'encouragement pour la production locale. Avec quels moyens allons-nous faire face à cette concurrence?», s'interroge le président de l'Unop. Dans la pratique, les actes sur le terrain contredisent les prises de position, notamment les instructions du président de la République, données aux institutions pour encourager la production locale. La preuve concrète de cette contradiction est l'importation de 45% de génériques par l'Algérie, ce qui met en balance la production nationale et plus sûrement les potentialités locales en la matière. L'Unop a souligné que l'industrie pharmaceutique «n'a reçu aucun soutien depuis 2004 pour cause de négociations dans le cadre de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce». De son côté, le secrétaire général de l'Unop, Nabil Mellah, a estimé que «l'Algérie n'a aucune obligation de se conformer aux règles de l'Organisation mondiale du commerce tant qu'elle n'a pas conclu ses négociations d'accession à l'organisation». Les entreprises ont de grandes capacités pouvant à terme couvrir une large part du marché algérien, mais face à la concurrence internationale il n'y a pas d'espoir de développement de cette industrie nationale. Rappelant que l'industrie pharmaceutique algérienne n'a que 5 ans d'âge, le président de l'Unop a indiqué qu'«elle a besoin, dans un premier temps, d'une protection et d'un confortement par des mesures incitatives et d'encouragement, voire d'une politique du médicament pour garantir son développement». Des recommandations ont été émises dans ce sens, a-t-il dit, lors du séminaire international, tenu les 22 et 23 octobre 2007, et qui a vu la participation de quatre ministères. L'Unop a établi une série de recommandations. Parmi les principales figurent la définition d'un cadre réglementaire transparent et stable, la prescription du générique national et l'accélération des procédures d'enregistrement pour les produits fabriqués localement. De même, que le rétablissement de la durée de vie minimale des produits à l'importation afin de préserver l'économie nationale. Ceci afin de contribuer à la maîtrise des dépenses de santé, créer des emplois à forte valeur ajoutée et réduire les dépenses nationales des importations. Ces propositions «ont été transmises aux différents ministères concernés mais aucune suite n'a été donnée», a indiqué le président de l'Unop. Il a, par ailleurs, ajouté que les investissements réalisés en Algérie par les membres de l'Unop s'élèvent à plus de 50 milliards de DA avec la création de 12.000 emplois. Selon l'intervenant, le tissu industriel pharmaceutique fonctionne aujourd'hui au tiers de sa capacité. Si les recommandations étaient retenues, l'Algérie couvrirait 65% de ses besoins d'ici à 2012 et irait vers des marchés d'exportation de proximité. Concernant la nouvelle liste des médicaments remboursables, qui est passée de 116 à 295 médicaments d'appellation internationale, M.Ziad a expliqué qu' il ne s'agit pas aujourd'hui d'importer 45% de génériques mais d'en fabriquer pour aller vers un taux plus important à l'horizon 2012.