«Si les autorités ne font rien pour aider et encourager cette jeune industrie, d'ici à 2015, il n'y aura plus de produits pharmaceutiques algériens.» Cette mise en garde provient du Dr Karrar membre de l'Unop. Par ailleurs, le président du conseil de l'Ordre des médecins, M.Bakkat, a déclaré, hier, au forum El Moudjahid: «Il faut encourager la production locale du médicament et mettre en place une stratégie nationale pour l'industrie pharmaceutique.» Pourquoi mettre en doute les capacités des jeunes industries pharmaceutiques et favoriser l'importation du médicament d'autres pays? Dans ce sens, M.Bakkat a lancé un appel au gouvernement pour qu'il instaure un dialogue constructif entre les parties activant dans le secteur de la santé et le gouvernement. Le coût global des produits pharmaceutiques nationaux est estimé à 400 millions de dollars: 120 millions de dollars pour Saidal et 280 millions de dollars pour le secteur privé. L'Algérie importe plus de 1,8 milliard de dollars de médicaments par an. L'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop) s'insurge devant cette réalité. Ces opérateurs estiment que «l'Algérie a tous les moyens pour développer l'industrie pharmaceutique». Les objectifs de l'Unop sont: améliorer la qualité, assurer la couverture optimale des besoins pharmaceutiques et positionner l'Algérie en tant que plate-forme de sous-traitance et d'exportation. Les membres de l'Unop disposent de grandes capacités de production qui répondent aux normes internationales pouvant, à terme, couvrir une grande part du marché algérien. L'industrie pharmaceutique algérienne n'a que cinq ans. C'est pour cela qu'elle a besoin, dans un premier temps, d'une protection et d'un confortement par des mesures incitatives et d'encouragement, voire d'une politique pour garantir son développement. Or, il se trouve que cette industrie pharmaceutique n'a bénéficié d'aucun soutien depuis 2004. Les négociations dans le cadre de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en seraient la cause. Le secrétaire général de l'Unop, Nabil Mellah, a indiqué que «la politique économique et industrielle en Algérie ne correspond pas avec l'économie du marché». Il ajoute que «l'Algérie n'a aucune obligation de se conformer aux règles de l'Organisation mondiale du commerce tant qu'elle n'a pas conclu ses négociations d'accession à l'Organisation». La définition d'un cadre «transparent» et stable, la prescription du médicament générique national, l'accélération des procédures d'enregistrement pour les produits fabriqués localement et le rétablissement de la durée de vie minimale des produits à l'importation afin de préserver l'économie nationale, sont les principales revendications des membres de l'Unop. Cela, afin de couvrir 65% des besoins d'ici à 2013 et d'aller vers des marchés d'exportation de proximité. M.Karrar, membre de l'Unop, a signalé que «si les autorités ne font rien pour aider et encourager cette jeune industrie, d'ici à 2015 il n'y aura plus de produits pharmaceutiques algériens». La guerre du médicament fait rage. Les pays industrialisés qui ont la mainmise sur ce marché ne laisseront pas les jeunes industries naissantes marcher sur leurs plates-bandes.