Qui ne connaît pas l'une des icônes de la Révolution algérienne, la belliqueuse Lalla Fatma N'Soumer qui a tenu tête à plusieurs régiments français en tant que chef d'une petite armée qui se réfugiait dans les montagnes ? Pour bien s'approcher du portait de cette battante mythique et mystique, faut sans doute lire le nouvel ouvrage qui lui a été consacré et qui vient tout juste d'être paraphé par la direction de la culture de Médéa. Cet ouvrage qui s'intitule sobrement " Lalla Fatma N'Soumer, entre résistance et soufisme " regroupe des fragments d'histoire sur la vie et le parcours de l'héroïne de la résistance populaire à l'occupation française, de son vrai nom Fatma Sid-Ahmed. Le livre de 160 pages sera mis prochainement à la disposition des universitaires, chercheurs, mais également du grand public qui pourra découvrir, au niveau des espaces de lecture existants dans la wilaya, quelques facettes de cette grande personnalité nationale. L'ouvrage est une compilation des communications présentées lors du premier colloque national sur le parcours de cette grande figure de la résistance populaire, organisé en mai 2009 à Médéa. Scindé en neuf chapitres, l'ouvrage met en relief, à travers le travail documenté réalisé par des universitaires, issus pour une majorité du département d'histoire de l'université d'Alger, le contexte sociopolitique, sur fond de résistance populaire, ayant conduit à l'émergence de cette grande figure de l'histoire contemporaine de l'Algérie et les raisons à l'origine de sa déportation vers les Monts d'El-Aissaouia, au Nord-Est de Médéa. L'ouvrage retrace, en outre, le cheminement chronologique du parcours de militant de l'héroïne populaire, depuis sa naissance, vers 1830, coïncidant avec le début de la colonisation, dans le petit village de Ouerdja, sur les hauteurs de Aïn-El-Hammam, en Kabylie, puis son engagement dans la résistance armée, alors âgée de 25 ans, aux côtés de Chérif Boubaghla, jusqu'à sa défaite, le 11 juillet 1857. Les six années de captivité qu'elle passera à la Zaouia d'El-Aissaouia, jusqu'à sa mort en septembre 1863 à l'âge de 33 ans, est l'autre grand axe de la vie de l'héroïne que les auteurs ont tenté de reconstituer historiquement pour mieux cerner ce personnage hors du commun, notamment l'influence qu'elle aura sur la population locale et sa mobilisation autour de la résistance. Outre cette rétrospective historique, le lecteur découvrira des données essentielles sur la vie socio-économique, politique et culturelle des populations de cette région incrustée à l'intérieur du massif forestier de l'Atlas Blidéen. Ce n'est pas la première fois qu'on s'intéresse à cette figure de la révolution car déjà dans le théâtre une intéressante œuvre signée Mesouad Guembour a été proposée au public au début des années 2000, en plus de rares téléfilms qui lui ont été consacrés. La Jeanne d'Arc du Djurdjura Il faut savoir que le terme "Lalla" très usité chez les marabouts d'ailleurs, est un titre honorifique ou une marque de respect féminin. "N'Soumer " vient du kabyle " de Soumer ", nom du village dans lequel son père tenait une Zaouia. Née en 1830 en Haute Kabylie, région nord-est de l'Algérie, dans un village du nom de Ouerdja, proche de Ain El Hammam - (ex-Michelet). Fille du cheikh Ali Ben Aissi et de Lalla Khdidja, son père est le chef d'une école coranique liée à la zaouïa Rahmania de sidi Mohamed ibn Abderahmane Abu Qabrein. Fatma mémorise le Coran très jeune en écoutant son père psalmodier les versets. Elle est de souche maraboutique, d'une grande beauté, d'après la tradition orale et les icônes qui lui sont consacrées. Comme il est de coutume dans ces régions et à cette époque, on veut la marier. Malgré la multitude de prétendants, elle refuse. Ses parents déclarent qu'elle est possédée et l'enferment dans un réduit. Elle en sort transformée : Dieu lui a révélé sa foi. Sa famille insiste pour la marier refusant de voir que leur fille est déjà ailleurs. Elle est mariée de force à son cousin, refuse de consommer le mariage et se retrouve rapidement répudiée. Effet fatal, elle est mise en quarantaine ainsi que sa famille. A cette période de sa vie. Fatma est prise pour folle. Elle passe des journées à marcher, elle arpente entre le lever et le coucher du soleil les montagnes de son village. Elle demande à quitter son village pour rejoindre son frère, cheikh du village de Soumer. Sous sa protection, elle se met à apprendre le Coran et l'astrologie. Après la mort de son père, elle dirige avec son frère l'école coranique. Elle enseigne le Coran aux enfants et s'occupe des pauvres.