L'économie américaine est loin d'être sortie de convalescence, a jugé le président de la banque centrale américaine. La croissance devrait s'améliorer en 2011, estime-t-il. La Fed va-t-elle adopter de nouvelles mesures de relance? Le discours de Ben Bernanke, le président de la Banque centrale américaine, était très attendu par les marchés. Le banquier central a reconnu que la croissance a plus ralenti que prévu. Mais il a estimé que l'heure n'était pas immédiatement à la mise en place de nouvelles mesures d'urgence. Sans en exclure la possibilité par le futur. La situation s'est dégradée, a reconnu Ben Bernanke lors du symposium économique annuel de Jackson Hole, dans le Wyoming, qui réunit tous les ans les membres de la Fed . "D'une manière générale, les données économiques publiées laissent penser que la reprise de l'activité et de l'emploi a ralenti au cours des derniers mois" jusqu'à tomber "à un rythme un peu plus lent que ne le prévoyaient la plupart des dirigeants", a-t-il estimé. Mais, pour l'instant, le risque de tomber en déflation, le très redouté cocktail inflation basse et croissance molle, est "faible", a estimé le banquier central. A l'inverse, il a noté que l'inflation avait ralenti plus lentement que prévu, tout en réfutant le scénario d'une envolée des prix. Ben Bernanke a enfin réitéré sa confiance dans l'économie américaine. Après une reprise ralentie au second semestre 2010, la croissance devrait s'améliorer en 2011. En conditionnant vendredi un nouvel assouplissement de la politique monétaire américaine à une éventuelle dégradation de la conjoncture économique aux Etats-Unis, le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, s'est efforcé d'apaiser les "faucons" de la Fed qui privilégient la lutte contre l'inflation, dans le but de les rallier plus tard à sa position. Cette attitude pourrait en effet permettre à Ben Bernanke de bénéficier du soutien de la Fed en cas de nette aggravation du ralentissement économique américain. "Les statistiques devraient convaincre les membres les plus timides (du comité de politique monétaire de la Fed)", estime Julia Coronado, économiste chez BNP Paribas. Lors du symposium annuel de la Fed à Jackson Hole, dans le Wyoming, Ben Bernanke a dressé vendredi un tableau morose des perspectives économiques et il a rappelé les outils dont dispose la banque centrale pour stimuler la reprise. Les déclarations du successeur d'Alan Greenspan ont cependant été plus nuancées que celles de la banque centrale le 10 août à l'issue de sa dernière réunion, qui avait abouti à de nouvelles mesures pour soutenir l'économie et le crédit. La principale décision adoptée ce jour-là, à savoir la reprise des rachats d'emprunts d'Etat à long terme (Treasuries) sans pour autant gonfler davantage le bilan de la banque centrale, a été très discutée au sein de l'institution. Certains membres du comité de politique monétaire ont considéré que cette décision allait donner aux marchés l'impression que la Fed était plus proche d'un nouvel assouplissement monétaire important qu'elle ne l'était en réalité. Des dirigeants de la Réserve fédérale se demandent également si le récent affaiblissement de l'économie américaine ne constitue pas seulement un passage à vide avant une nouvelle accélération de la croissance, au lieu de l'envisager comme un avertissement sur la capacité de la croissance à soutenir les créations d'emplois. Les rachats de "Treasuries" auraient ainsi adressé un mauvais signal aux marchés, alors que certains critiquaient le gonflement du bilan de l'institution, multiplié par plus de deux depuis le début de la crise financière fin 2008, à 2.300 milliards de dollars (1.809 milliards d'euros). Les déclarations de Ben Bernanke vendredi ont donc permis de rassurer en partie les sceptiques. Notons que Barack Obama a assuré vendredi que l'économie américaine enregistrait des progrès, après la plus grave récession subie aux Etats-Unis depuis plusieurs décennies, mais il a reconnu que ces progrès sont "terriblement lents", et que les électeurs pourraient lui en attribuer la responsabilité dans les urnes lors des élections de mi-mandat. "Parce que je suis président, et que les démocrates contrôlent la Chambre des représentants et le Sénat, on peut comprendre que les gens disent: 'Qu'avez-vous fait?'", a lancé Barack Obama à la Maison Blanche à l'occasion de sa première conférence de presse officielle depuis le mois de mai.