La Réserve fédérale américaine (Fed) s'est lancée dans l'aventure. Elle a frappé un grand coup mardi dernier en annonçant à quelques heures de l'ouverture de la réunion extraordinaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) une baisse importante de son taux directeur. Lequel va passer de 1% à une fourchette comprise entre 0 et 0,25%. En d'autres termes, la Fed se dirige droit vers une location gratuite de l'argent. Parallèlement, elle a officialisé son recours à des mesures non conventionnelles de politique monétaire. Avec ces décisions, la Fed réussira-t-elle à doper l'économie américaine et à la faire sortir de la récession. Premier résultat de cette baisse des taux d'intérêt qui va au-delà de ce qu'attendaient les économistes : le dollar poursuit sa chute. Hier, il est tombé à un plus bas niveau depuis 13 ans face au yen. La Fed, qui n'a jamais abaissé son taux directeur à ce niveau : le taux de 1%, depuis octobre, ainsi que de juin 2003 à juin 2004, était déjà le plus faible jamais appliqué par la banque centrale américaine, risque, selon les spécialistes, de précipiter la faillite, d'autant plus que la Fed prévoit que le maintien de ce taux d'intérêt historique pourrait durer «un certain temps» pour assurer la stabilité de l'inflation dans les mois à venir de manière à soutenir les marchés financiers. Toujours dans le but de relancer l'économie américaine, la Fed compte renforcer sa politique d'accroissement des liquidités. Pour la Fed, avec ces liquidités mises à la disposition des marchés financiers, le soutien des marchés sera aussi prioritaire à l'avenir que la stimulation de l'économie. A titre de rappel, cette politique s'est déjà traduite par l'ouverture de plusieurs facilités de crédit exceptionnelles pour les banques et les entreprises de services financiers depuis le mois de mars, et plus encore depuis le mois de septembre. Il reste à attendre maintenant la réaction de la Banque centrale européenne (BCE) après la décision de la Fed adoptée, faut-il le rappeler, dans les années 1990 par la Banque du Japon pour tenter de sortir le pays d'une déflation catastrophique. La BCE, dont les économistes prévoient une baisse de son taux d'intérêt à 1,75% au cours du premier trimestre de l'année prochaine, prendra-t-elle le même chemin que la Fed ou bien attendra-t-elle la réaction du marché pour trancher. Ce qui est certain, c'est que, en dépit de ces efforts, les perspectives restent moroses. Les rapports se suivent et se ressemblent. Hier, le Fonds monétaire international a jugé que les efforts déployés par les pays les plus industrialisés pour donner un nouveau souffle à leur économie sont insuffisants pour empêcher le monde de s'enfoncer dans la récession. «Mon message principal est que de nouvelles -et vigoureuses- mesures vont être nécessaires pour empêcher une contraction sérieuse de l'économie mondiale», a affirmé John Lipsky, premier directeur général adjoint du FMI, cité par les agences. Les mesures nécessaires doivent viser à stabiliser les systèmes financiers des pays développés et à soutenir la dépense finale par des mesures de nature monétaire et budgétaire, a-t il indiqué lors d'un discours devant le Council for Foreign Relations à New York. S. I.