Les prix des matières premières alimentaires ont progressé cette semaine à la faveur d'un accès de faiblesse du dollar et d'un regain d'inquiétudes sur les récoltes, le sucre grimpant même à des niveaux plus vus depuis huit mois. Les prix du sucre ont accentué leur progression cette semaine, aidés par des inquiétudes sur l'offre. Les cours ont atteint jeudi 711,70 livres la tonne à Londres, leur plus haut niveau depuis fin février, et 28,36 cents la livre à New York, son niveau le plus fort depuis huit mois. La fédération brésilienne de la canne à sucre (Unica) a estimé cette semaine que la production de canne dans la région Centre-sud durant la deuxième quinzaine de septembre avait été entravée par de forte pluies, rapportait Sudakshina Unnikrishnan, analyste chez Barclays Capital. Ces indications étaient de nature à soutenir les cours alors que le Brésil est le premier producteur et exportateur de sucre au monde. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en décembre valait 697,10 livres vendredi vers 15H50 GMT, contre 681,90 livres pour le contrat pour livraison en décembre le vendredi précédent vers 15H30 GMT. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en mars valait 27,45 cents, contre 26,40 cents pour la même échéance une semaine plus tôt. Les prix du maïs et du soja ont progressé sur la semaine écoulée à Chicago, atteignant de nouveaux sommets depuis plusieurs mois, dopés par une production américaine revue en baisse et une nouvelle réglementation pour les biocarburants. Soutenus dès la fin de semaine dernière par le rapport mensuel du département de l'Agriculture (USDA), qui avait revu en baisse ses estimations de production aux États-Unis pour le maïs et le soja, les prix ont poursuivi leur progression jusqu'à atteindre de nouveaux pics en milieu de semaine. Le contrat le plus échangé de maïs a ainsi atteint 5,8580 dollars mercredi, son plus haut niveau depuis août 2008. Dans son sillage, les prix du soja ont grimpé jusqu'à 11 9450 dollars, un chiffre plus vu depuis juin 2009. Les deux cultures ont aussi profité d'un changement dans la régulation sur les biocarburants. L'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a porté de 10% à 15% la proportion maximale d'éthanol (produit à partir de maïs) contenue dans le carburant distribué à la pompe pour les véhicules les plus récents. L'annonce, largement anticipée, a toutefois été suivie d'un petit recul des prix du maïs en fin de semaine. "Les stocks sont limités mais on a déjà eu une belle progression des prix, et il reste une bonne partie de la moisson à effectuer", a noté Jason Roose, de US Commodities. "Sur les trois derniers mois, les prix ont gagné deux dollars. La Chine a commencé à acheter du maïs américain à 3,74 dollars. Le dollar est certes affaibli, mais le maïs n'est plus si bon marché", a ajouté l'analyste. Les analystes de Barclays Capital restaient tout de même positif pour l'évolution future des prix, même si une certaine volatilité était attendue, estimant que le rapport de l'USDA reflétait un équilibre de plus en plus resserré entre l'offre et la demande. Les prix du blé se sont quant à eux repliés. Les craintes de l'été se dissipaient avec la reprise des semis en Russie, "où les conditions (météorologiques) se sont améliorées", selon Jason Roose. Les observateurs de marché notaient par ailleurs le manque de demande pour le blé américain. "On perd beaucoup de ventes au profit du Canada", a indiqué Jason Roose, et ce malgré l'affaiblissement du dollar. Le relevé hebdomadaire de l'USDA, publié exceptionnellement vendredi, a montré un recul des ventes à l'exportation pour la céréale, à 377 000 tonnes contre 808 400 tonnes la semaine passée. Le boisseau (environ 25 kg) de maïs pour livraison en décembre s'échangeait à 5,6750 dollars vendredi vers 10h30 sur le Chicago Board of Trade, contre 5,2825 dollars sept jours plus tôt. Le contrat de soja pour livraison en novembre s'échangeait à 11,93 dollars, contre 11,35 dollars une semaine plus tôt. Le contrat à échéance janvier, prochaine référence, s'établissait à 12,01 dollars. Le contrat de blé pour livraison en décembre valait 6,99 dollars le boisseau contre 7,1925 dollars une semaine avant. De leur côté, les cours du cacao sont repartis en légère hausse cette semaine, la baisse du dollar alimentant un léger regain d'intérêt des investisseurs spéculatifs, mais restait très loin du record en 33 ans atteint au printemps. Le dollar américain est tombé vendredi jusqu'à 1,4159 dollar pour un euro, son niveau le plus faible près de neufs mois, jusqu'à 80,88 yens, un niveau inédit depuis fin avril 1995, et à parité avec le dollar australie pour la première fois depuis fin 1983, plombé par un regain d'inquiétudes sur la vigueur de la reprise américaine. Autre frein au rebond des cours, les statistiques de concassage en Allemagne et en Europe ont fait apparaître un recul sensible de la demande de fève brune au troisième trimestre, notaient des analystes. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en décembre cotait 1865 livres sterling vendredi vers 15H50 GMT contre 1857 livres la tonne pour la même échéance le vendredi précédent vers 15H30 GMT. Les cours du café ont également retrouvé le chemin de la hausse cette semaine, des conditions météorologiques difficiles faisant naître des inquiétudes sur les récoltes. En effet, un climat sec en Amérique du sud, et de fortes pluies en Asie et en Amérique centrale pourraient provoquer des baisses de production et ainsi entraîner une situation de léger déficit, notaient les experts de Macquarie. Dans son rapport mensuel, l'Organisation internationale du café (ICO) a ainsi estimé que les cours devraient continuer à être soutenus à court et moyen terme par des difficultés météorologiques persistants, par une hausse des coûts de production et par une demande mondiale dynamique. L'organisation a cependant laissé inchangées ses prévisions de production mondiale pour 2010-2011 (133 à 135 millions de sacs de 60 kilos). Sur le Liffe de Londres, la tonne de robusta pour livraison en janvier ressortait à 1685 dollars vendredi vers 15H50 GMT contre 1668 dollars pour la même échéance le vendredi précédent vers 15H30 GMT.