Les prix de l'or et de l'argent, toujours soutenus par l'affaiblissement du dollar, ont brillé cette semaine à de nouveaux records, tandis que les platinoïdes accéléraient leur ascension, le palladium grimpant à son plus haut niveau depuis juin 2001. L'or a grimpé jeudi jusqu'à 1387,35 dollars l'once sur le marché au comptant, un niveau sans précédent. Le métal jaune continuait d'être solidement soutenu par la dépréciation persistante de la monnaie américaine, alors que s'avivent les spéculations du marché sur de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) pour soutenir l'économie. Un affaiblissement du billet vert rend plus attractifs les achats d'or pour les investisseurs détenant d'autres devises, mais c'est également un facteur d'inflation contre laquelle les acteurs de marchés aiment à se couvrir en acquérant des actifs tangibles dont le métal jaune. "Les prix de l'or et de l'argent continuent de bénéficier de l'intérêt des investisseurs cherchant à se protéger contre les incertitudes de l'économie et la volatilité des marchés financiers", observaient les analystes de Barclays Capital. Ces derniers mettent en avant "un cocktail de facteurs positifs, dont les anticipations d'assouplissement quantitatif (de la politique monétaire de la Fed)", mais aussi l'élimination par les groupes aurifères de leurs contrats de ventes à prix fixes, et des taux d'intérêts bas qui encouragent les acquéreurs à emprunter pour acheter de l'or. "Le seuil psychologique des 1400 dollars est désormais en vue. Si le dollar reste faible, il ne devrait pas être si difficile à franchir", relevaient quant à eux les experts de Commerzbank. Signe de l'appétit toujours vif des investisseurs spéculatifs, le plus gros fonds d'or coté dans le monde, l'américain SPDR Gold Trust, a vu le niveau de ses participations bondir de plus de 19 tonnes sur la seule journée de jeudi, la plus grosse hausse quotidienne depuis plus de quatre mois selon Commerzbank. L'argent a également poursuivi son irrésistible ascension, montant jeudi jusqu'à 24,92 dollars l'once, un niveau sans précédent depuis mars 1980. Profitant de son double statut de métal précieux et de métal industriel, il était lui aussi porté par un intérêt soutenu des investisseurs spéculatifs. Le métal gris a terminé à 24,42 dollars l'once au fixing de vendredi, contre 22,37 dollars une semaine auparavant. Les platinoïdes ont encore accéléré leur progression cette semaine, le palladium montant jusqu'à 605,13 dollars jeudi, son plus haut niveau depuis juin 2001. Outre le soutien d'un dollar bon marché, le palladium bénéficiait d'inquiétudes sur l'approvisionnement, après que le groupe Norilsk Nickel, premier producteur mondial de palladium, a annoncé que les stocks étatiques russes de ce métal seraient probablement épuisés l'année prochaine, a rapporté le cabinet spécialisé Johnson Matthey. Le platine se trouvait également soutenu par des tensions sur l'offre, entretenues par un mouvement de grève en Afrique du Sud, premier pays producteur mondial. Pour leur part, les prix des métaux de base échangés au London Metal Exchange (LME) ont grimpé de concert cette semaine, l'étain grimpant à de nouveaux records, soutenus par la baisse du dollar et sur fond de commentaires optimistes des professionnels et analystes du secteur réunis à Londres. Les cours des métaux de base continuaient de profiter de la faiblesse du billet vert, susceptible de favoriser les achats de matières premières libellées en dollars, alors que les opérateurs spéculent sur des mesures supplémentaires de la banque centrale américaine (Fed) pour aider l'économie. Les prix sont "portés par ces anticipations d'un assouplissement monétaire (de la Fed), par un dollar meilleur marché, mais aussi par la possibilité du lancement prochain d'une gamme d'ETF", c'est-à-dire des fonds indiciels cotés adossés aux métaux de base, commentait dans une note Daniel Brebner, analyste de Deutsche Bank. Par ailleurs, le marché était "soutenu par le sentiment d'optimisme exprimé à l'occasion de la semaine du LME", qui rassemblait à Londres pour son séminaire annuel des centaines d'analystes et de professionnels du secteur minier, relevait Nicholas Snowdon, de Barclays Capital. Les analystes rassemblés par l'institution se sont accordés pour convenir que les métaux de base devraient faire l'objet d'une demande soutenue jusqu'en 2011, certains évoquant même la possibilité d'un "super cycle" de plusieurs années dans lequel la robuste croissance des économies émergentes, et surtout la Chine, confrontées à une offre mondiale insuffisante, tirerait les prix. "Le principal facteur de hausse des prix dans les prochaines années devrait être structurel: les marchés émergents connaissent des taux de croissance importants, tout comme l'est leur consommation de métaux", a assuré Joshua Crumb, de Goldman Sachs. D'autres faisaient cependant montre de prudence pour l'évolution à court terme, Daniel Brebner mettant en avant que les facteurs qui portent actuellement le marché étaient déjà "largement intégrés" dans les prix, et que les investisseurs pouvaient donc être tentés par des prises de bénéfices. R.T.M..