La déclaration de politique générale présentée jeudi à l'APN par le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, se distingue par trois données majeures qui en rehaussent l'intérêt et qui ouvrent de nouvelles perspectives. Cette période qui coïncide avec la fin du programme quinquennal (2005/2009) et le lancement d'un second programme (2010/2014), fait dire au Premier ministre que ces deux programmes focaliseront l'intérêt au titre du bilan pour le premier et la projection pour le second. Selon toujours le même document, cette période se conjugue avec la fin d'une décennie d'intenses efforts de rattrapage de déficits sociaux et économiques légués par une crise multiforme. Dès lors, et tout en poursuivant son développement humain, "notre pays est désormais plus à même de consacrer davantage de ressources au développement d'une économie diversifiée. Notre pays, qui a recouvré son autonomie financière envers l'extérieur, est aujourd'hui à même de consolider la transition rationnelle entre la reconstruction de l'outil économique national et sa pleine insertion dans l'économie universelle qui demeure un choix résolu du gouvernement". En toile de fond, le Premier ministre met en exergue la mise en œuvre du programme quinquennal de développement 2010/14, à savoir ses objectifs en matière économique en vue de conforter la compétitivité de l'économie nationale, tout en soulignant, combien le succès de cette nouvelle étape exige une "paix sociale" se nourrissant du dialogue entre les partenaires socio-économiques et s'appuyant aussi sur le respect de la loi pour tous. Le renforcement de la transparence dans le champ économique, a été un autre volet abordé par M. Ouyahia : "Autant que les citoyens, l'activité économique a besoin de transparence et de protection contre la concurrence déloyale. C'est un domaine dans lequel les dix derniers mois ont enregistré des progrès sensibles mais encore insuffisants". Il en a été ainsi dans la lutte contre l'emploi informel et le non-respect des obligations sociales. Les contrôles menés en 2009, ont abouti à la notification de plus de 100.000 infractions et au recouvrement de plus de 4 milliards de dinars dus aux caisses sociales, 160.000 infractions à la législation du travail ont également été constatées durant la même année, donnant lieu à des verbalisations et même à des actions en justice. Le contrôle des activités commerciales a donné lieu en 2009 et au cours du premier semestre de l'année en cours au constat de 150.000 infractions et 130.000 verbalisations au titre de défaut des pratiques commerciales, au constat de 160.000 infractions aux normes de qualité et autres fraudes commerciales, avec 150.000 dossiers introduits en justice ; ainsi qu'au contrôle aux frontières de près de 250.000 cargaisons de produits importés, avec près de 11 % de refus d'admission. Dans le domaine fiscal, le contrôle s'est renforcé et les procédures ont été consolidées pour sanctionner les fraudes à l'intérieur du pays et prévenir les fuites de capitaux vers l'étranger. En 2009, le contrôle fiscal a produit plus de 107 milliards de dinars de redressement, soit le double des montants atteints durant les deux précédentes années. L'institution d'un nouvel identifiant fiscal et la connexion des fichiers des impôts, des banques et du commerce, ont permis de radier des milliers d'opérateurs économiques indélicats, notamment dans le domaine du commerce intérieur. L'obligation de production d'un certificat de conformité fiscale requis pour les opérateurs étrangers avant toute opération de transfert de dividendes, a été à l'origine de la prévention d'évasions de capitaux et de la récupération par le Trésor de sommes importantes qui lui étaient dues. M. Ahmed Ouyahia, évoquant la poursuite du développement économique, a fait remarquer que l'appréciation du développement économique réalisé par le pays, durant ces dix huit derniers mois, "ne saurait se faire isolément de la conjoncture économique mondiale qui a prévalu durant la période". Donnant plus d'explication, il souligne que la sévère crise financière qui a secoué la planète à partir de 2008 a eu des conséquences sévères sur l'économie mondiale, les faillites de banques se sont multipliées, les pertes boursières ont été majeures, les crédits aux entreprises se sont raréfiés, les Etats qui le pouvaient ont fortement mobilisés la ressource publique pour sauvegarder l'économie. … La récession dans les pays développés a fortement influé sur la demande mondiale des hydrocarbures et donc sur le prix de vente de cette richesse. "Par conséquent, la crise économique internationale ne pouvait manquer d'impacter l'Algérie, même si des mesures prises par notre pays en ont limité les effets négatifs ". Au chapitre consacré à la balance des paiements, il faut retenir que l'année 2008 s'est achevée sur un retournement graduel des prix des hydrocarbures, après leur envolée exceptionnelle de l'été générée par la spéculation. La moyenne des prix du baril est passée de 111 dollars au premier semestre à 88 dollars au second semestre. Cependant, sur toute l'année 2008, le prix moyen du baril de pétrole algérien aura été de près de 100 dollars. Dés lors, et malgré une envolée des importations de biens (37,9 milliards de dollars) et de services (11,0 milliards de dollars), l'année 2008 s'est achevée sur un excédent record de la balance des paiements, avec 34,4 milliards de dollars. Elle restera aussi en tête des quatre années d'excédents exceptionnels de la balance des paiements de l'Algérie indépendante (30,5 milliards de dollars en 2007, 26,9 milliards en 2006, et 21,1 milliards de dollars en 2005). Selon les mêmes propos, cette situation allait profondément changer en 2009, suite à une baisse du prix du baril proche de 40 %, ce dernier s'établissant à 62 dollars en moyenne annuelle. Cumulée avec la baisse des ventes en volume, cette situation a débouché sur un recul de 43 % des recettes d'exportations d'hydrocarbures passées de 77,1 milliards de dollars en 2008 à 44,4 milliards de dollars en 2009". Ainsi, une stabilisation des importations de biens et services à leur niveau de l'année précédente a évité au pays de connaître en 2009 "un retour à une balance des paiements négative après de longues années : celle-ci a clôturé l'année avec un symbolique excédent de 4 milliards de dollars seulement". Pour l'année 2010, le premier semestre a enregistré un prix moyen de baril de 70 dollars. Conjugué avec une stabilisation consolidée du volume des importations, cela a débouché sur un excédent de balance de paiements de 8 milliards de dollars à la fin du mois de juin dernier. S'agissant de la dette extérieure, le Premier ministre affirme : "La crise financière internationale n'a eu aucun impact sur notre pays, qui avait remboursé par anticipation la quasi-totalité des créances bilatérales ou multilatérales détenues par des parties étrangères". Pour rappel, ce sont près de 18 milliards de dollars qui ont été réglés par anticipation en trois années seulement, ramenant ainsi le stock de la dette extérieure de 23,3 milliards de dollars à la fin de l'année 2003 à 5,6 milliards de dollars à la fin de l'année 2006. Ce remboursement anticipé s'est jumelé avec un arrêt du recours aux emprunts extérieurs à partir de l'année 2004. "Ces décisions présidentielles ont épargné à l'Algérie un alourdissement du poids de la dette externe ou même des complications dans la mobilisation des nouveaux crédits". Ainsi, la dette extérieure représentait moins de 4 milliards de dollars à la fin de l'année dernière dont 10 % seulement sont une dette de l'Etat, le reste étant porté par des opérateurs étrangers exerçant en Algérie. Le Premier ministre soulignera dans ce sens que la gestion rationnelle des avoirs extérieurs, "introduite par le président de la République depuis le début de cette décennie, aura permis à notre pays non seulement de réaliser un effort d'investissement et de développement sans précédent, et de ramener son désendettement à un niveau jamais connu depuis l'indépendance, mais aussi de doter le pays d'une épargne extérieure stratégique, qui a été placée à l'étranger avec prudence, et qui a ainsi traversé la crise financière internationale sans subir la moindre perte". Il rappela que les réserves de change qui étaient inférieures à 5 milliards de dollars en 1999 (avec une dette extérieure alors proche de 29 milliards de dollars), avaient atteint 43 milliards à la fin de l'année 2004 (avec une dette extérieure de 22 milliards de dollars). Elles s'élevaient à fin 2009 à 147 dollars (face à une dette publique externe de 440 millions de dollars), et ont totalisé 150 milliards de dollars à la fin du mois d'août 2010.