Les 23ème journées cinématographiques de Carthage se sont ouvertes hier avec une très belle affiche africaine : "Un homme qui crie " du tchadien Mahmet Saleh Haroun, l'unique africain qui a raflé à Cannes 2010 le prix spécial du jury. Au menu de cette rencontre qui s'étalera jusqu'au 31 octobre prochain, pas moins de 49 films provenant de 17 pays aussi bien européens qu'africains. L'Algérie qui est habituée à ce rendez-vous avec notamment en 2008 une présidence du jury assurée par l'écrivain Yasmina Khadra, des trophées raflés par Lyes Salem (Trois Prix : première oeuvre, Prix des jeunes et meilleur second rôle pour Rym Takoucht) pour son phénoménal, "Mascarades", sera présente cette année avec de nouveaux visages et de nouveaux honneurs. L'Algérie sera donc pour la énième fois présente aux JCC avec le fameux "Le voyage à Alger" d'Abdelkrim Bahloul, qui n'a jamais était projeté chez nous. " Le Voyage à Alger " qui sera en compétition officielle le 29 octobre prochain est une autobiographie de l'auteur. Produit par Bachir Derraïs, un associé de Bahloul de concert avec Les films de la Source, la Télévision algérienne et le soutien du ministère de la Culture, ce long métrage a été tourné entre 2007 et 2008 à Saïda (Algérie), ville natale du réalisateur. Il a remporté, l'an dernier, le Bayard d'or du meilleur scénario de long métrage fiction lors de la 24e édition du Festival international du film de Namur (Belgique). " le Voyage à Alger " a également bénéficié de l'aide de "Alger capitale de la Culture arabe 2007 " et a raflé à la fin de l'an dernier un prix au Festival d'Espagne et était à l'affiche du 33ème Festival du Caire qui s'est bouclé en queue de poisson à cause du catastrophique match qui a opposé l'Algérie à l'Egypte pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 2010. "le Voyage à Alger" raconte une histoire réelle, vécue par une veuve de chahid qui se retrouve seule avec ses enfants dans une société fraîchement libérée du joug colonial mais qui finira par obtenir ses droits grâce à l'intervention d'un haut responsable. C'est le combat d'une femme algérienne, veuve de guerre et mère de six enfants pour conserver une maison au centre-ville de Saïda que leur a laissée un Français à l'Indépendance du pays. De guerre lasse, elle décide de se rendre dans la capitale avec ses enfants pour y rencontrer le président de la République. En un mot, le film s'attache au combat d'une femme expropriée, par un des chefs de sa ville. Le nouveau visage du cinéma De plus, il faut dire qu'un nouveau visage est en train de naître dans le 7ème art algérien et celui-ci s'appelle Yanis Koussim : un jeune de 33 ans qui ne s'est attelé qu'aux courts métrage mais qui a tout de même raflé ici et là quelques trophées qui l'ont sorti du lot. Il sera présent avec son " Khouya " (Mon frère), un court qui a été sélectionné en compétition officielle au Festival du film d'Abu Dhabi qui s'est clôturé hier. Après Locarno d'où le jeune Yanis est revenu avec le prix Cinema e Gioventù (cinéma et jeunesse) pour la section internationale, et de Namur, au début de ce mois, "Khouya " sera donc en lice à ces 23èmes aux JCC. Malek Bensmail dont les œuvres sont très discutables notamment son "la Chine est encore loin " qui n'a à ce jour pas encore reçu de visa d'exploitation en Algérie -ce qui lui a valu des déboires avec le ministère de la Culture- sera également présent avec un documentaire politique, "La Guerre secrète du FLN en France ". Une œuvre d'ailleurs qui tombe à pic du fait des frictions qui bouleversent actuellement l'ex-parti unique. Mais encore, les 23èmes JCC vont dérouler le tapis rouge pour Rachid Bouchareb, un réalisateur controversé qui recevra tous les hommages lors de cette rencontre. Les hommages comme partout seront exprimés à travers une rétrospective des œuvres de l'auteur du très sulfureux, " Hors la loi ". Il y aura donc à l'affiche "Bâton rouge ", " Poussières de vie ", "Indigènes ", et bien entendu " London River ", où le réalisateur a campé le défunt Sotigyu Kouyaté (Prix de la meilleure interprétation masculine au Festival international du film de Berlin, 2009) à qui un hommage posthume sera rendu.