Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne sont "conscients de la gravité de la situation" budgétaire et ont tranché face aux "réserves" du président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, a estimé vendredi le président français Nicolas Sarkozy. M. Trichet "a exprimé un certain nombre de réserves", a reconnu lors d'un point presse M. Sarkozy, sans préciser la nature de ces réserves. Le Conseil européen, qui réunit les 27 chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, "a tranché, a tranché à l'unanimité et il a apporté la réponse qu'il voulait apporter à M. Trichet", a ajouté M. Sarkozy. "Je pense qu'on peut reprocher aux chefs d'Etat et de gouvernement beaucoup de choses, et c'est tout à fait normal dans une démocratie, mais je ne crois pas qu'on puisse leur reprocher de ne pas être conscients de la gravité de la situation", a-t-il estimé. Le chef de la BCE, fervent défenseur d'une discipline budgétaire stricte, avait rédigé une note expliquant ses objections au projet de compromis de l'UE sur la discipline budgétaire, qui a été finalement entériné jeudi par les dirigeants de l'UE. Il prévoit une surveillance renforcée des choix économiques nationaux, ainsi que de nouvelles sanctions contre les pays laxistes, mais, sous la pression de la France notamment, ces nouvelles sanctions s'appliqueront de façon moins automatiques que prévu initialement. Un résultat décevant pour M. Trichet, qui avait prévenu qu'il voulait des réformes "ambitieuses" pour éviter une nouvelle dérive des déficits. Les dirigeants de l'UE se sont par ailleurs mis d'accord dans la nuit de jeudi à vendredi sur le principe d'un changement "limité" mais néanmoins risqué du traité de Lisbonne, afin de permettre à la zone euro de mieux résister aux crises financières à l'avenir. Les Vingt-Sept ont également convenu d'un mécanisme de protection de la stabilité de la zone euro (16 pays) dont les détails seront mis au point dans les prochains mois, notamment en ce qui concerne l'éventuelle intervention de bâilleurs de fonds privés -banques et fonds financiers- pour alléger le poids porté par les contribuables. Le président permanent de l'UE, Herman van Rompuy, a affirmé que les 27 voulaient mettre en place, comme le réclamaient la France et l'Allemagne, "un mécanisme de crise permanent solide et crédible pour protéger la stabilité de la zone euro dans son ensemble". Le but des mesures de gouvernance économique est de "décourager les mauvais comportements budgétaires" en infligeant, à un stade bien plus précoce qu'aujourd'hui, des amendes aux Etats-membres qui présenteraient des déficits et dettes publiques excessifs. En outre, leurs budgets seront surveillés par l'UE.