Les pays riches et émergents du G20, dont les chefs d'Etat et de gouvernement ouvrent un sommet à Séoul aujourd'hui , préparent une liste d'une vingtaine d'institutions financières dont la faillite aurait des répercussions mondiales, rapporte mercredi le Financial Times. Les établissements figurant sur cette liste, élaborée par le Conseil de stabilité financière (FSB), pourraient être soumis à une surveillance et des exigences en capital renforcées. Mais le G20 ne devrait pas se prononcer cette semaine sur la possibilité d'une surcharge en capital pour ces banques, reportant le sujet à plus tard. Le G20 publierait cette liste dans le but de demander aux régulateurs nationaux d'être particulièrement attentifs à ces établissements."Les dirigeants politiques et les régulateurs ont conclu que l'idée de spécifier une approche mondiale au démantèlement des banques en faillite est un défi trop complexe", a-t-il précisé. Et "le G20 est parti pour reporter une décision pour savoir s'il faut mettre en place au niveau mondial une exigence en matière de fonds propres supplémentaires pour les banques d'importance systémique", a ajouté le Financial Times. Ce point fait l'objet de dissensions au sein du G20. Certains pays dont le secteur bancaire est concentré, comme la France, estiment en effet qu'ils subiraient une concurrence déloyale.Selon une liste obtenue par le quotidien des affaires, parmi les institutions financières identifiées par le G20 se trouvent une allemande (Deutsche Bank), des américaines (Bank of America-Merrill Lynch, Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Morgan Stanley), des britanniques (Barclays, HSBC, Royal Bank of Scotland, Standard Chartered), une canadienne (RBC), des espagnoles (Santander, BBVA), des françaises (BNP Paribas, Société Générale), des italiennes (Intesa Sanpaolo, UniCredit), des japonaises (Mitsubishi UFJ, Mizuho, Nomura, Sumitomo Mitsui), une néerlandaise (ING) et des suisses (Credit Suisse, UBS). Mais certaines pourraient être retirées. Le FSB travaillerait également à une deuxième liste de banques dont une défaillance ne serait préjudiciable qu'au niveau national, toujours selon le quotidien. La semaine dernière, l'Association internationale des contrôleurs d'assurance (IAIS) avait déjà indiqué qu'elle mettrait en place, avec le FSB et d'autres régulateurs, une "liste confidentielle" des établissements présentant un risque systémique, c'est-à-dire de destabilisation du système financier. L'IAIS avait mentionné l'adoption de normes plus sévères en matière de fonds propres et de réglementation pour ces institutions. "Désigner très clairement des établissements comme systémiques laisse entendre qu'ils seront sauvés" en cas de dérapage, a commenté un banquier sous couvert d'anonymat. La labellisation en tant qu'établissement systémique introduirait donc, selon lui, un aléa moral, susceptible de favoriser des comportements risqués. Sur le même sujet, le G20 aurait renoncé à un accord sur les moyens de coordonner un plan international d'action entre régulateurs pour gérer la défaillance d'un établissement systémique, selon le FT. La Commission européenne s'est elle saisie du sujet et a déjà présenté, mi-octobre, une série de propositions qui doivent permettre d'organiser la faillite contrôlée d'une grande banque internationale. Ces propositions doivent être formalisées d'ici au printemps prochain.Notons par ailleurs que les discussions préparatoires au sommet du G20 ont été très intenses mardi et le ton est monté, illustration des tensions qui persistent sur l'équilibre économique mondial à la veille de l'arrivée des chefs d'Etat et de gouvernement en Corée du Sud. Les responsables chargés de rédiger le communiqué final qui sera publié à l'issue des deux jours du sommet organisé à Séoul jeudi et vendredi restaient très divisés sur des questions clés comme les changes, a déclaré le porte-parole du G20, Kim Yoon Kyung. "Nous avons dû ouvrir les portes parce que le débat était si animé que la pièce s'est réchauffée", a-t-il dit mercredi. Une quarantaine de représentants des pays industrialisés et émergents membres du Groupe des vingt ont passé 14 heures dans une petite pièce mardi et le ton est monté lorsqu'a été abordé le sujet de l'équilibre de la croissance mondiale, dont les chefs d'Etat et de gouvernement veulent faire la pierre angulaire de leur réunion. Certaines parties des sections les plus importantes du texte final sont restées blanches, ce qui signifie que les délégués doivent encore s'entendre sur leur forme, a expliqué Kim.